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COMPTE-RENDU DE LA REUNION DU CLUB POLITIQUE BASTILLE DU 18 JUIN 2016
mercredi 6 juillet 2016, par
Cette rencontre initialement prévue avec des jeunes militants du mouvement Nuit Debout qui n’ont pas pu venir, a donné lieu à un débat autour du texte publié sur le site le 17 juin : Le mouvement actuel est considérable
Trois thématiques ont été abordées :
- le mouvement social contre la réforme El Khomri et Nuit Debout
- la question de la violence dans les manifestations
- des pistes de réflexion sur le néo libéralisme et la manière de le combattre
Le mouvement social contre la réforme El Khomri et Nuit Debout
La puissance du mouvement populaire contre la loi est considérable. Peut-être pas en nombre mais en longueur, radicalisation et détermination. Son prolongement dans les « Nuits Debout » ouvre la voie d’une réflexion générale sur la société et l’exploitation des travailleurs. La rupture avec la loi El Khomri entraîne la rupture avec le monde qu’elle implique dans lequel l’Homme est réduit à un état de marchandise.
Dans les manifestations populaires et syndicales comme dans Nuit Debout, il est exagéré d’y voir la montée d’une « conscience de classe ». Ce qui est clairement perceptible c’est le sentiment d’être ensemble dans le même mouvement à la recherche de voies politiques différentes de celles proposées par les organisations et partis institutionnels.
Nuit Debout combine la libération de la parole, la volonté d’action et la réflexion sur le « vivre ensemble ». Le mouvement social est populaire car soutenu par l’opinion publique mais ce n’est pas l’ensemble de la classe ouvrière et de la jeunesse qui se mobilise dans la rue. On assiste plutôt à une mobilisation par secteurs au sein de celles-ci. Cependant, au sein des syndicats, si les directions continuent le mouvement d’accompagnement du néo libéralisme et de négociation avec le patronat, il y a eu une insurrection de la base pour radicaliser la lutte qui appuie et complète la résistance et la détermination des opposants à la loi.
Globalement et sans augurer de l’avenir, on est dans une nouvelle configuration des rapports entre salariés et patronat, citoyens et pouvoir politique. D’une part, les salariés prennent conscience qu’on ne fera pas reculer le gouvernement par les voies classiques, d’autre part à Nuit Debout on prend conscience qu’il n’est pas suffisant de défendre les droits acquis en 36 et à la Libération. Dans la rue comme sur les places, à l’instar des Indignés, la nouveauté du 21ème siècle est bien le slogan « ils ne nous représentent pas », y compris le PS qui a perdu sa légitimité de représentation du peuple de gauche.
La question de la violence dans les manifestations
Pour certains la violence du « cortège de tête » est l’expression d’une minorité qui impose sa manière d’agir aux manifestants et accompagne, inconsciemment ou pas, la propagande des médias et du gouvernement pour délégitimer le mouvement social. Elle facilite la tâche des médias qui occulte l’amplitude des manifestations pour ne montrer que les images de violence. De plus, les dégradations contre un hôpital ou des abris bus sont des messages négatifs car elles s’attaquent à des symboles de ce qui est commun à tous. Il ne faut pas confondre la violence légitime d’un mouvement unitaire comme en 68 avec la violence provocatrice qui dessert le mouvement social.
Pour d’autres, les manifestations de violence sont un phénomène inhérent à tout mouvement et répondent avant tout à la violence institutionnelle et policière. Contrairement à la propagande des médias qui parlent de casseurs et de voyous, les acteurs des actes de violence sont des militants autonomes et anarchistes, structurés politiquement et stratégiquement qui se réclament de la lutte contre l’ordre capitaliste. A l’occasion des dernières manifestations, on a pu observer une progression numérique du « cortège de tête » et des démonstrations de sympathie voire de protection à son égard. Cette stratégie de la violence comme incontournable dans tout mouvement insurrectionnel doit être replacée dans un contexte historique, politique et sociologique. Elle relève des mouvements de résistance et de désobéissance (forum sociaux, Notre Dame des Landes …), de l’échec de la représentation syndicale, enfin du sentiment de révolte contre l’injustice de la violence policière(Rémi Fraisse, Rennes, Nantes ..). En tout cas, il faut en prendre acte, essayer de comprendre et surtout ne pas hurler avec les loups.
Pour tout le monde il est évident que la police a des ordres pour « laisser faire » afin que le gouvernement, au travers de communiqués et via « ses chiens de garde » puisse utiliser et dénaturer les actions violentes pour occulter le contenu du message d’opposition à la réforme du code du travail.
Des pistes de réflexion sur le néo libéralisme et la manière de le combattre
Le prochain travail du CPB pourrait consister à confronter le « new way of life » du néo libéralisme avec les méthodes de lutte héritées du 19ème et 20ème siècles et l’émergence de mouvements qui se situent en dehors de la gauche radicale institutionnelle.
Sur la base du constat de Dardot et Laval, « Ce cauchemar qui n’en finit pas », et la panoplie des mesures qui établissent une codification du néo libéralisme avec le compte personnel d’activités, quid des organisations syndicales et politiques qui continuent le combat sur la base de défense des acquis du conseil national de la résistance ? N’est-ce pas un combat ancien qui appartient à un monde ancien ?
La forme nouvelle du mouvement social actuel, les Nuit Debout, les différentes « praxis » qui expérimentent un « vivre autrement » augurent, peut-être, du désir de construction d’un mouvement qui réponde au monde tel qu’il est, dans la nouvelle configuration du néo libéralisme.
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