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Réunion-Débat du Club Politique Bastille samedi 27 janvier 2018. L’intersectionnalité comme parole identitaire qui se libère ou comme outil de la convergence des luttes contre le capitalisme (+ MAJ 27/01).

mardi 16 janvier 2018, par Club Politique Bastille

Réunion-Débat du Club Politique Bastille samedi 27 Janvier 2018

L’intersectionnalité comme parole identitaire qui se libère ou comme outil de la convergence des luttes contre le capitalisme

A l’intérieur du mouvement féministe multiforme et des groupes de femmes dans les partis politiques, on parle beaucoup d’intersectionnalité comme parole identitaire qui se libère ou comme outil de la convergence des luttes contre le capitalisme. Dans une société libérale, oppressive et oppressante qui dresse individus et communautés les uns contre les autres, il semble intéressant de débattre sur ce concept ouvrant une voie vers l’émancipation … ou pas !

L’intersectionnalité est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. L’intersectionnalité étudie les identités collectives plutôt que les trajectoires individuelles. Le terme a été proposé par l’universitaire féministe américaine Kimberlé Crenshaw en 1989.

On peut faire une interprétation identitaire de ce concept considérant par exemple, comme aux Etats Unis, qu’une femme- noire- prolétaire n’a sa place ni dans le mouvement d’émancipation de femmes blanches, ni dans le mouvement antiraciste mené par des hommes, ni dans un mouvement d’émancipation politique qui priorise la lutte des classes comme solution aux autres formes d’oppression.

A l’instar de Jules Falquet, sociologue et Professeure à Paris VII, on peut rattacher l’intersectionnalité à une vision d’imbrication des rapports sociaux : de sexe, de classe et de race.
Politiquement, cela signifie de ne pas hiérarchiser ces rapports, de les analyser comme agissant simultanément et de lutter pour des objectifs qui sont communs à tout le monde en privilégiant des alliances démocratiques. Il faut analyser les situations en veillant de ne pas mettre en avant la lutte contre tel ou tel système d’oppression et de reporter le reste à un futur meilleur.
Historiquement, l’outil de l’imbrication des rapports sociaux permet de comprendre l’évolution des modes de production de manière plus complète.
Sur un plan plus philosophique et sociologique, cela ouvre la voie sur la complexité et la contradiction d’individus ou groupes d’individus puisque selon la situation ils sont ni totalement dominants ni totalement dominés.

Chacun des participant.e.s, au travers d’exemples enrichira le débat.

Corinne Mahé


La Réunion-Débat aura lieu à partir de 14h30 précise au local de l’Emancipation, impasse Crozatier, Paris 12e, Métro Gare de Lyon. Elle est ouverte à toutes et tous.

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Mise à jour 27/01/18 : Introduction au débat par Corinne.

Introduction au débat « féminisme et intersectionnalité »

 La fabrique du mot « féministe »

Dès la fin du moyen âge, beaucoup de femmes, issues de la noblesse et des milieux lettrés, s’élèvent contre la misogynie ambiante. Un courant de pensée qui ne cessera de croître et se développer comme « groupe d’expression critique dans les périodes où les valeurs traditionnelles s’effondrent » (Michelle Riot-Sarcey).
Au moment de la Révolution française, Olympe de Gouges écrit la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » mais le mot »féministe » n’existe toujours pas.
Il apparait en 1872, désignant de façon péjorative l’égalité de la femme et de l’homme, dans un essai d’Alexandre Dumas fils sur la question de la femme adultère. A la même époque on trouve des traces du mot « féminisme » comme terme médical désignant la perte des caractères virils (pilosité, voix grave …) chez des malades atteints de tuberculose !
Ce n’est que vers 1892 que le mot « féministe » entre dans le langage courant avec l’importance croissante que prend le mouvement pour l’extension des droits des femmes.
Dans la première grande moitié du XXème siècle, le mouvement féministe va gagner en puissance et s’internationaliser tout en devenant pluriel selon la nature des droits revendiqués et l’appartenance à des communautés religieuses, spirituelles, idéologiques.
Le pluralisme se complique après les années 1960 et en ce début du XXIème siècle avec la généralisation du travail des femmes devenant « égales » des hommes, soit en tant qu’exploitées, soit en tant qu’exploiteuses ; tout en restant « toutes », dans la sphère privée prisonnières du système patriarcal ancestral.
La diversité des mouvements féministes a pour conséquence et intérêt de mettre en lumière plusieurs questions qui s’inscrivent dans la question plus générale du « vivre ensemble :
- La compatibilité entre le droit à la différence et l’égalité des droits et devoirs républicains
- La prise en compte de l’appartenance à une classe sociale ;
- La prise en compte de l’appartenance à une communauté racisée ou religieuse ;
- La prise de conscience de l’oppression des femmes comme un des symptômes de l’oppression
capitaliste ;
- La question de l’inclusion des hommes au sein de la cause féministe.
Cela amène les mouvements féministes à s’interroger sur l’unicité de la catégorie « femmes » et à
constater que la seule différence sexuelle ne peut pas rendre compte des différences sociales et culturelles
qui sont déterminantes pour entamer le chemin vers l’émancipation.

 L’intersectionnalité pour lutter contre les oppressions
- Origine
L’intersectionnalité est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la
situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination
dans une société. L’intersectionnalité étudie les identités collectives plutôt que les trajectoires
individuelles. Le terme a été proposé par l’universitaire féministe américaine Kimberlé Crenshaw en
1989.
Selon INTERSECTIONNALITE TMTC (toi-même tu sais) « c’est une vision politique héritée des luttes des
femmes noires américaines. On connaît le mouvement des droits civiques, le mouvement Black Power,
mais il y a eu aussi l’émergence du Black feminism. Le but ? Montrer que le féminisme qui s’appuie sur
l’expérience des femmes blanches, l’antiracisme qui s’appuie sur l’expérience des hommes noirs, et
l’anticapitalisme qui refuse de prendre en compte le racisme et le sexisme, sont des impasses pour
celles qui sont à la fois femmes, noires et de classe populaire. Résultat : Un foisonnement de collectifs
politiques a pris lieu, des quartiers populaires jusqu’aux universités, qui militaient et militent encore
contre les violences d’État et intracommunautaires touchant les femmes noires pauvres. « 

- Interprétations du concept

 Promouvoir la non mixité comme condition pour atteindre l’égalité : dans les réunions, les
luttes …
 Accorder une légitimité pour s’inscrire dans le mouvement à la condition d’appartenance à
la communauté définie comme « femme racisée pauvre »
 Elargir néanmoins la « communauté « aux « queers, trans, travailleur.e.s du sexe,
migrante.s, prolétaires, étudiant.e.s, chômeur.e.s, non intégrables »
 A l’opposé : prendre en compte toutes les formes d’oppression comme expression de
l’inégalité systémique sur laquelle est fondée le capitalisme. Mais rester sur une analyse
marxiste qui donne la priorité à la transformation radicale de la société sur des lignes
socialistes, pour éradiquer les racines structurelles et économiques. Le danger de
l’intersectionnalité est de créer des intérêts divergents et par là même de contribuer à la
politique identitaire du pouvoir pour diviser la classe prolétaire.
Au fil des lectures, se dessine une position plus moderne qui se voudrait à la fois sociologique, historique et
politique.
L’intersectionnalité comme concept imbriquant le combat contre le patriarcat, contre le racisme et la lutte
des classes serait un outil d’analyse du mode de production capitaliste et permettrait, dans les luttes, de
répondre à l’écrasement des groupes sociaux se trouvant aux intersections (au bénéfice des plus
privilégiés). Les « mots clef » seraient : égalité, alliances démocratiques et objectifs communs.

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