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JOURNAL DES GILETS JAUNES Quinquies : Mardi 26 mars, Lundi 1er avril, Vendredi 5 avril, Lundi 8 avril, Vendredi 12 avril, Lundi 15 avril, Mardi 16 avril, Mercredi 17 avril, Dimanche 21 avril, Vendredi 26 avril, Dimanche 28 avril, Jeudi 2 mai 2019

jeudi 2 mai 2019, par Club Politique Bastille

JOURNAL DES GILETS JAUNES Quinquies

Jeudi 2 mai

Hier, mercredi 1er mai, c’était la fête des travailleurs mais aussi l’anniversaire de Benalla. Il y a un an, les deux compères, Benalla et Cras(s)e, outrepassant leurs « fonctions », rossaient du manifestant au Jardin des Plantes puis à la Contrescarpe. Certes, le début de cette histoire qui déroule un feuilleton étonnant ne sera révélé qu’au cours du mois de juillet dernier. Mais, l’action première des comparses est un repère. Un an.Retour ligne automatique
Un an et le voile de modernité et de « disruptions » qui masquait le vrai visage de la macronie s’est déchiré. Près de six mois de mobilisation sociale et politique autour des gilets jaunes ont largement amplifié le dévoilement et c’est la face hideuse du mensonge, du double langage et de la réaction qui aujourd’hui apparaît au grand jour. Le vrai visage du néolibéralisme, sans fard, nu et grimaçant.

Hier, donc, c’était le 1er mai. Tout le monde sait depuis longtemps que cette fête des travailleurs commémore la manifestation sanglante de 1886 à Chicago pour la réduction du temps de travail à huit heures. (Les trois huit : huit heures de travail, huit heures de loisirs, huit heures de repos). Retour ligne automatique
Tout le monde… peut-être pas ! Il y a quelques jours, je faisais allusion à cette « France moisie » pétainiste, haineuse et finalement ignare dont parle Sollers. Or, voici le tweet envoyé par le compte officiel du maréchal président Macron :Retour ligne automatique
« Le premier mai est la fête de toutes celles et ceux qui aiment le travail, le chérissent, parce ce qu’ils produisent, parce qu’ils forment, parce qu’ils savent que par le travail nous construisons l’avenir. Merci de porter ces valeurs et d’œuvrer chaque jour pour notre Nation. »Retour ligne automatique
Derrière le ton amphigourique, tout le monde peut voir se profiler l’ombre de la francisque.

Pour parfaire le tableau avant les traditionnelles manifestations du premier mai, Castaner, Nuñez et Lallement hurlaient aux loups : « Paris capitale de l’émeute ! » « Le black bloc va franchir les frontières ! » « Aux armes BRAV (brigade républicaine (sic) anti-violence : les anciens DAR plus les voltigeurs) et FOD (forces de l’ordre) ! » Les acronymes permettent de louvoyer dans le discours. En clair, attention, ça va cogner !

Gilets jaunes et cortèges syndicaux, ensembles et nombreux, les manifestations de province se sont déroulées dans le calme et la bonne humeur. Ambiance « bon enfant » répètent les médias sans se rendre compte qu’ils reprennent la vieille scie réactionnaire selon laquelle les ouvriers ne sont que de grands enfants mal éduqués et alcooliques. Décidément, la « modernité » a enclenché la marche arrière.

C’est donc à Paris que le ministre de l’intérieur et le jovial préfet de police avaient décidé d’appliquer la « doctrine Lallement ». Nasses, nasses et nasses. Gaz, grenades, interpellations et tabassages. Le « docte Lallement » avait prévu, dès le départ du cortège, une nasse géante. Je ne reviens pas sur la fonction du « keetling » déjà abordée. Mais, fait nouveau, les CRS ont gazé les cortèges syndicaux et chargé la CGT. Martinez a dû être exfiltré.Retour ligne automatique
Castaner parle d’accident. Les FOD chassaient des black blocs, prétend-il. Premier mensonge vite mis en évidence. Les vidéos existent. Et comme le tweete Fabrice R. : « Paris, le 1er mai 2019.La police française charge, matraque le cortège de la CGT. Le SO repousse l’agression. Fin de la vidéo. Archivé. » Suivent les références de la vidéo. Retour ligne automatique
C’est une première depuis… depuis ? « Ridgway la peste, US Go Home », mai 1952, peut-être.

Après deux heures de tassage et de gazage, le cortège, amputé de ses éléments les plus fragiles avance. Il faut, sous l’ère Macron, être courageux pour manifester. Même le premier mai, les travailleurs ne sont pas à la fête. Retour ligne automatique
Des milliers de gilets jaunes, de syndicalistes en lutte, de stylos rouges, de citoyens engagés défilent dans un cortège de masse et de tête. C’est là que les jonctions s’effectuent, que les solidarités se consolident, que les adresses s’échangent. Suivent les ballons des cortèges syndicaux. La FSU, gazée, sort en larmes.

Deux nasses plus loin, des manifestants étouffés, gazés s’introduisent dans les allées de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière pour échapper aux matraquages. Ils cherchent un endroit pour reprendre leur souffle. Une escouade de policiers les rattrapent et les frappent à pleines matraques. Castaner, avec la complicité docile des hauts fonctionnaires de l’Assistance Publique, Martin Hirsch en tête, diffuse les éléments de langage : « Des manifestants masqués ont attaqué l’hôpital. Ils ont tenté de forcer la porte de la salle de réanimation. Les lâches, les bêtes sanguinaires, les irresponsables… (Au choix) » Les médias mainstream reprennent en choeur. La ritournelle s’installe. Retour ligne automatique
Mais très vite, après visionnage de plusieurs vidéos et témoignages du personnel soignant, une seule question se pose : jusqu’où iront les mensonges d’État ?

Trois nasses plus loin, les manifestants parviennent Place d’Italie. Au centre de la place, les CRS courent et bastonnent encore.Retour ligne automatique
Le long du parcours, quelques banques ont souffert, quelques mercedes ont brûlé et les barrières du commissariat du treizième arrondissement, bien connu pour ses aimables gardes à vue, ont subi quelques assauts. Retour ligne automatique
Mais combien de contrôles avant d’accéder à la « nasse manifestation » (le pire, c’est que l’on s’y habitue), combien de blessés, combien d’arrestations, de garde à vue ? Et, malgré l’appel à défendre le journalisme libre, avec ou sans cartes de presse, la profession a été ciblée, le matériel confisqué ou détruit.

Les premières réactions sur les ondes ont fait l’éloge de la nouvelle doctrine de maintien de l’ordre : « Nous avons vaincu le Black bloc ». Retour ligne automatique
Certes, il y avait sans doute une centaine de manifestants en noir dans la manifestation mais le Black bloc du premier mai 2018 n’était pas là. « Lundimatin », média qui fait autorité en la matière l’a annoncé. Alors ? Encore une « tartarinade » de Castaner ?Retour ligne automatique
Ne polémiquons pas sur les chiffres, c’est maintenant sans intérêt. Radio Castaner ment … Retour ligne automatique
Ce qu’il faut retenir c’est que, dans ces conditions d’« état de siège », de violences, de nasses et de gazages, la participation a été largement supérieure à celle de l’année dernière.Retour ligne automatique
Cela en dit long sur l’effondrement de la macronie en un an. Et pourtant, que d’annonces, que de Grandéba, que de lois liberticides, que de répressions, que de violences, que de mensonges !

Les gilets jaunes sont venus en nombre, le cortège de tête était impressionnant et c’est avec eux que les jonctions avec les luttes spécifiques se réalisent et se réaliseront. Beaucoup de professeurs, d’artistes se disent aujourd’hui gilets jaunes. La composition sociale « gilet jaune » est toujours aussi hétérogène mais elle s’étend maintenant au-delà de ses frontières d’origine.Retour ligne automatique
Les nuages de gaz et de mensonges dispersés, la ligne de front est plus nette. Comme sont plus clairs les « doctrines », les éléments de langages et les références idéologiques de Macron et ses sicaires. Retour ligne automatique
Macron a choisi délibérément la « politique de la tension ». C’est extrêmement dangereux et parfois suicidaire. Retour ligne automatique
Face à lui, « on est là et même si Macron le veut pas, nous, on est là ». Décidés comme jamais, prêts à en découdre, à partir en grève à l’Éducation nationale, à avancer vers la construction de réseaux, de coordinations. Retour ligne automatique
L’horizontalité nécessaire du mouvement ne fait plus débat. La démocratie ouverte et généreuse, non plus.Retour ligne automatique
Macron est dans la violence. Nous, on prend soin de nous.

Le danger de ces journées c’est que l’on quitte le terrain du contenu politique. C’est ce que veut Macron. Retour ligne automatique
Mais, nous n’oublions pas nos revendications, nous n’oublions pas « Macron dégage ! » et « Révolution ! »Retour ligne automatique
Nous n’oublions pas non plus l’assassinat de Malik Oussekine en décembre 1986 comme le voudrait l’ancien chef du GIGN devenu otage chez Macron.Retour ligne automatique
Nous n’oublions pas les morts, les estropiés, les borgnes et les blessés de ce mouvement.Retour ligne automatique
Nous n’oublions pas non plus que Castaner et son fidèle Lallement ont interdit la manifestation pour l’urgence climatique ce même premier mai.Retour ligne automatique
Nous n’oublions rien et surtout nous nous tournons vers l’avenir.Retour ligne automatique
Même à coup de nasses, Macron ne fera pas rentrer ce mouvement dans son calendrier politique et électoral. Macron a perdu la clef de l’horloge.Retour ligne automatique
D’une certaine façon, ce que dit ce premier mai, c’est que le temps est maintenant de notre côté. Retour ligne automatique
« Time is on our side ». Retour ligne automatique
C’est maintenant, une nouvelle étape vers un bel été. Retour ligne automatique
Espérons et prenons soin de nous.

***

Dimanche 28 avril

Samedi, c’était l’Acte XXIV. Retour ligne automatique
Mais, dans toutes les têtes, réussir le 1er Mai était le véritable objectif, à l’exception notable de la manifestation de Strasbourg où s’étaient donnés rendez-vous des gilets jaunes venus de plusieurs pays d’Europe. Retour ligne automatique
Le quartier du Parlement Européen était bouclé. État de siège. Violences. Charges de police. Arrestations de journalistes et mieux encore arrestation du garde du corps d’un journaliste !Retour ligne automatique
Nous savions, qu’après l’échec de la « conférence à la presse » (65% de mécontents), Macron jouerait, comme toujours, la carte de la matraque. Mais les violences policières commises en toute impunité ont fini par générer un problème politique de premier plan et cela, même à l’échelle internationale. Que Castaner en profite encore un peu, ses meutes démuselées commencent à être sensibles à une épidémie d’ « ictère de fatigue ». Même un CRS peut avoir une conscience. Merci Pasolini.

« Le gilet jaune rompt mais ne rond-point », texte aperçu sur une pancarte, dans la manifestation de Paris. Et oui, toujours là, les gilets jaunes ! Sans doute moins nombreux mais résolus, avec le mois de mai en ligne de mire. De Montparnasse à la Place d’Italie, un cortège rapide, une dispersion dans les règles.

Le long du cortège, des responsables syndicaux et politiques. De Mélenchon à Poutou, on célèbre la convergence. Il est intéressant de noter que la convergence apparaît dans la rue lorsque le cortège des gilets jaunes conjoncturellement diminue. Alors, on peut faire défiler ses quelques drapeaux, ses maigres troupes, ses dernières prises de guerre et ses services d’ordre souffreteux.Retour ligne automatique
Une convergence de papier entre de petits appareils et une foule réduite de gilets jaunes. N’oublions pas que ces organisations, à l’exception de LFI, se sont montrées, disons, « critique » envers les gilets jaunes, à leur apparition en novembre. Martinez, secrétaire général de la CGT, déclarait alors : « Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là. »Retour ligne automatique
Tout le monde peut se tromper, mais il faut savoir reconnaitre ses erreurs sinon les revirements enamourés passent pour de la basse politique et de l’opportunisme désespéré.

Une véritable convergence est souhaitable. Retour ligne automatique
Une véritable convergence se fera.Retour ligne automatique
Elle se fera, à la base, entre les gilets jaunes, les assemblées et les salariés en lutte, leurs comités de lutte ou de grève. Il ne faut pas oublier qu’à l’origine les salariés les plus combatifs avaient enfilé un gilet jaune sans demander la permission à personne.

Des analyses commencent à circuler intégrant un possible échec des gilets jaunes (assemblée des gilets jaunes de Sens, par exemple). Cet échec serait dû à la difficulté du mouvement à s’organiser et à reconnaître, voire à rejoindre, les structures syndicales préexistantes. Ces analyses coïncident, bien entendu, avec les appels à une convergence structurelle.

Non, le mouvement n’a pas échoué. Il continue d’obliger le gouvernement à dévoiler davantage encore sa politique néolibérale sectaire et à user de violences inouïes en « démocratie ». La lutte sera longue, beaucoup plus longue qu’imaginée en novembre et les projets de structuration s’avèrent plus difficiles que prévus. Un mouvement inédit doit inventer une méthodologie inédite.Retour ligne automatique
Mais, pour reprendre l’adverbe préféré des macronistes, cette lutte est « profondément » ancrée dans la vie et l’imaginaire des couches populaires qui sont sorties en novembre.Retour ligne automatique
Le moment n’est pas encore venu d’espérer « plumer la volaille »jaune ; ce serait plutôt le moment pour les organisations politiques et syndicales de réfléchir et de se remettre en question.

Dans l’immédiat, l’objectif primordial c’est la réussite du 1er mai dans toutes les villes de France avec un large cortège de gilets jaunes en tête des manifestations.

***

Vendredi 26 avril

Hier, jeudi, Emmanuel Macron donnait sa « conférence à la presse », comme disait le Canard Enchaîné à propos des spectacles gaulliens.Retour ligne automatique
La presse s’est montrée déçue. Retour ligne automatique
Cette conférence, Macron devait la tenir après sa tournée en province mais elle avait été reportée en raison de l’incendie de Notre Dame. Le Te Deum médiatique du président avec l’annonce du milliard récolté pour rebâtir la cathédrale à sa guise, en cinq ans, ne pouvait se confondre avec un discours matérialiste pour le vulgum pecus.

Donc à la presse et au peuple.

J’ai découvert la France. Retour ligne automatique
« J’ai touché l’épaisseur des vies des français » (sic). Retour ligne automatique
Il y a des familles monoparentales ! Des femmes seules avec des enfants ! (Mais de gilets jaunes, point.) Retour ligne automatique
J’ai entendu des cris de haines, des jappements racistes et des aboiements antisémites.Retour ligne automatique
J’ai beaucoup réfléchi. Retour ligne automatique
J’ai été mal compris. Retour ligne automatique
Mais je vais faire comme je l’avais dit. Retour ligne automatique
(La « brique », l’épais ouvrage rédigé par les boys de l’École de Chicago, couveuse du néolibéralisme avant de prendre en main la politique économique du Chili de Pinochet, celle toujours sa pensée politique. La bourse et les gentils donateurs sont rassurés. Ils n’étaient pas vraiment inquiets.)Retour ligne automatique
La France est une enfant des Lumières. (La gauche s’interroge. La salle retient son souffle.) Et… rien !Retour ligne automatique
C’est un Art d’être français. (On pense à Guy Degrennes, immortel créateur de couteaux, fourchettes et ménagères et à son slogan : « l’Art d’être français ». Quelle culture !)Retour ligne automatique
Quelques mots sur la loi de 1905 (une occasion d’opposer, à des fins électoralistes, laïcité et islam politique) et un interminable tunnel débité sur un ton monotone de promesses alternant mesures d’ajustement et mises en chantier de vagues réformes.Retour ligne automatique
L’école, pas de fermetures d’écoles. (De classes ?) Retour ligne automatique
24 élèves par classe jusqu’au CE1. (Avec quels effectifs d’enseignants ?)Retour ligne automatique
Les retraites, je ne toucherai pas à l’âge de la retraite. Retour ligne automatique
Pourquoi ? Parce que je m’y étais engagé lors de ma campagne. (Admirons la richesse de l’argument). Mais à 62 ans, vous aurez une décote.Retour ligne automatique
Le fonctionnement des grands corps, l’ENA, tout cela est à revoir. Retrouvons le cœur de notre doctrine : le mérite (la lutte de tous contre tous), l’égalité des chances (le loto), l’égalité de destin (Seigneur !) Retour ligne automatique
(Et L’EGALITE tout court ?)Retour ligne automatique
Il faut faire entrer la vie dans l’appareil d’État (et surtout les intérêts privés. Fini le fonctionnaire à statut et à principes).

***

Repartons du mouvement réel issu des couches populaires, là où la terre est aride par absence de ruissellement. Retour ligne automatique
Macron s’est-il abaissé à répondre aux demandes des gilets jaunes ?Retour ligne automatique
Que nenni !Retour ligne automatique
. RIC : c’est Non, même pas au niveau local. Un simple bidouillage du RIP dont on sait qu’il dépend en définitive du bon vouloir des Assemblées.Retour ligne automatique
. ISF et réformes fiscales : c’est Non. Tout juste quelques aménagements à la marge qu’il faudra confirmer en Conseil d’État.Retour ligne automatique
. Augmentation des salaires : Oh ! Le vilain mot ! Parlons du niveau de vie.Retour ligne automatique
. Vote blanc : Élections pièges à … élus. On n’élit pas « monsieur Blanc », argument riche en phosphore. Retour ligne automatique
Mais là, précisons. Les votes blancs, à l’inverse des votes nuls et des abstentions, sont comptabilisés dans les suffrages exprimés. Ils interviennent directement dans le calcul des pourcentages. Score de Macron au premier tour des présidentielles : 24,1%. Combien avec les votes blancs ? ! Dans une élection présidentielle, on peut se retrouver avec les « grandes listes » en dessous de 10%. Comment prétendre alors qu’il n’y a pas de crise de la représentativité ?Retour ligne automatique
. Proportionnelle : l’ami Bayrou l’a bien méritée pour son cher MODEM. Une petite dose bien soupesée. Proportionnelle intégrale aux législatives ? Attention au collapsus.Retour ligne automatique
. La crise écologique mondiale ? Une convention de citoyens tirés au sort pour envisager des mesures concernant les mesures nécessaires à prendre pour la vie courante et dans l’immobilier pour lutter contre le réchauffement climatique. On a bien compris : Une assemblée syndicale d’immeuble traitant les problèmes de chauffage ! Et en dehors de cet aparté ? Silence assourdissant. Retour ligne automatique
. Et rien, rien, absolument rien, sur la répression, les lois liberticides et les violences policières. Gaspard Glanz n’a pas eu d’accréditation et Médiapart (Ellen Salvi) de micro.

Pour avoir des nouvelles de la Macronie, il faut sortir de la salle des Fêtes de l’Élysée.Retour ligne automatique
La tête de liste LREM aux européennes voit son nom ressortir d’une liste venue des égouts de l’extrême droite à Sciences Po.Retour ligne automatique
Premier mouvement : « C’est faux ! Mensonge ! Infamie ! » « You are fake news « dirait Trump.Retour ligne automatique
Deuxième mouvement : « Je m’souviens plus très bien. » « Ou alors il y a longtemps, et ils sentaient pas bon. »Retour ligne automatique
Troisième mouvement : Haro sur le messager. « Edwy Plenel n’est qu’un maoïste complice des terroristes palestiniens. » Retour ligne automatique
On apprécie au passage la qualité des études dispensées à Sciences Po.Retour ligne automatique
La liste de madame Nathalie Loiseau a du plomb dans l’aile. Mais la Foi chevillée au corps, elle tiendra. Pour le moment.

Sur la lancée de son élan de générosité mariale, LVMH va ouvrir, en banlieue, deux écoles privées de la dernière chance pour adultes « décrochés ». Qui enseignera ? Qui dispensera parcimonieusement la Bonne parole au peuple ? C’est Not ‘dame, la pensionnée de lettres classiques de l’enseignement privé, Not ‘Présidente, Brigitte Macron !

Le tweet d’Anne-Christine Lang, députée marcheuse, en dit long sur l’état actuel de la Macronie : « Sage décision d’Emmanuel Macron d’être plus présent au pays dans les mois et les années qui viennent. Ca a beaucoup manqué. » Retour ligne automatique
L’ambiance est cordiale et l’estime élevée dans le monde d’en haut. Retour ligne automatique
Finie la métaphore usée jusqu’à la corde du premier de cordée, la montagne, Frison Roche, Ricoeur …

Journalistes pas convaincus, gilets jaunes encore plus mobilisés, travailleurs, chômeurs, retraités, tous insatisfaits, ce fut une belle conférence à la presse. Cela promet aussi un beau Premier mai.

Demain, samedi, nous sommes au regret de devoir nous passer des services de la brigade 57 des CRS basée à Orléans et décimée par des « jaunisses foudroyantes ». Les forces de l’ordre renâcleraient–elles devant les ordres de Castaner et du « jovial » Lallement à Paris.Retour ligne automatique
Demain, nous serons à Strasbourg avec des gilets jaunes européens et dans toutes les villes de France. A Paris, place à la Riposte générale, avec ou sans convergences, mais ensembles dans la rue.Retour ligne automatique
Objectif un premier mai de luttes et de jonctions, gilets jaunes en tête ?

Ministres honnis dégagez !Retour ligne automatique
Système dégage !Retour ligne automatique
Ca, c’est en Algérie.

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Dimanche 21 avril

Hier, c’était donc l’Acte XXIII. Ultimatum 2.

De fait, un net regain, surtout à Paris. D’importants cortèges en province. Mais ne parlons pas de chiffres ; c’est une discussion sans fond, sans fin, sans sincérité.

Un journaliste en retraite, autrefois sensible et juste sur les ondes de France Culture, Hubert Huertas, s’étonne, de samedi en samedi, que la presse continue de relater ces « événements » alors qu’ils sont en décrue permanente (ce qui n’est pas vrai tous les samedis), et surtout qu’ils ne représentent rien en comparaison des « vendredires » algériens. Mais jamais, non jamais, il ne s’interrogerait sur la persistance étonnante du mouvement ni sur son empreinte politique. Sans doute pense-t-il comme beaucoup que la démocratie c’est le vote, point, et que la révolution c’est le grand soir.Retour ligne automatique
Comme attendu, ce que met en exergue la presse mainstreaim c’est le « Suicidez-vous » inapproprié, comme disent les communicants, lancé par des manifestants à l’adresse des policiers. Mais les grandes oreilles du contrôle médiatique n’ont pas capté cet autre slogan : « Ne vous suicidez pas, rejoignez nous ». Dans le combat politique, l’oreille est sélective. Retour ligne automatique
Les médias mainstream sont des organes politiques militants et pour qu’ils restent hégémoniques il faut faire taire les journalistes indépendants en les mettant en garde à vue (Gaspard Glanz, Alexis Kraland…) ou en les molestant et les blessant (Paul Moreira et même une journaliste de terrain du Figaro…). De multiples témoignages relayés par le SNJ démontrent que les médias indépendants ont été particulièrement visés cette fois-ci. Le pouvoir a une logique qui l’amène à dégringoler dans le classement international des pays à la presse libre et à la liberté d’expression sans entraves.

Paris était central hier. Et les manifestants devaient se retrouver au centre de Paris. Retour ligne automatique
Place de la République.Retour ligne automatique
Dans la politique de rénovation des places orchestrée par la mairie de Paris, la Place de la République représente un symbole fort. C’est un espace dédié à la libre expression, aux échanges et à la convivialité. C’est la République du peuple qui s’exprime et s’émancipe. Retour ligne automatique
La Place de la République, c’est Nuit Debout. Un moment de partages, de recherches et de respect mutuel.Retour ligne automatique
Place de la République, hier après midi, c’était une nasse absolument étanche qui a enfermé des milliers de manifestants mais aussi des touristes ou des badauds. C’était un chalut de grand fond. Retour ligne automatique
La nasse est l’importation d’une tactique anglaise appelée kettle trap. Cette expression se traduit littéralement par le piège de la bouilloire, pas besoin d’en dire plus.Retour ligne automatique
La tactique française de nasse géante a été mise au point dans le cerveau froid du nouveau préfet de police, Didier Lallemand, en accord avec Macron. La répression à outrance, le spectaculaire et la violence. Retour ligne automatique
Pour le discours et les effets d’annonce, Castaner is on stage. Il est responsable de la bande annonce : « Un samedi d’exception avec la participation massive des Black blocs » et de la critique finale : « C’est fini, faible participation, des violents vraiment violents ». En attendant, des manifestants ou de simples quidams « louches » ont été arrêtés préventivement, plus de onze mille. Des blessés hospitalisés auraient été fichés depuis des semaines.

Cet épisode XXIII est intervenu en plein milieu du week-end pascal, en pleine tourmente psychique, affective, mémorielle, déclenchée par l’incendie de Notre Dame. Comme on pouvait s’y attendre, des commentateurs, au nom du respect, du « deuil » même (qui est mort ?) ont réclamé l’interdiction des manifestations des mécréants en jaune.Retour ligne automatique
Les gilets jaunes ont, chacun à leur manière, été touchés eux aussi. Personne n’est resté insensible mais l’incendie de Notre Dame n’est pas un trou noir qui aspirerait toutes luttes sociales, toutes annonces politiques, comme voudrait le faire croire Emmanuel Macron. Retour ligne automatique
La mémoire, le symbole, le « monument historique » sont des éléments politiques et Macron, biberonné au soft power, en veut à tout prix le contrôle absolu. Déclaration officielle avant le clergé ou la maire de Paris et annonces communicationnelles intempestives. Reconstruire, une flèche, cinq ans, les jeux olympiques, ma trace dans l’Histoire, ma décision à moi. Retour ligne automatique
Les spécialistes en sont encore à se demander si l’édifice tiendra et à évaluer les dommages. Une longue réflexion collective devra s’engager sur la nature des travaux à entreprendre et surtout sur la philosophie qui y présidera. Retour ligne automatique
Ne revenons pas sur le milliard de dons récoltés et sur la politique des grandes familles financières. L’argent est là, il y en a trop. Mais arrêtons- nous un instant sur cette course de vitesse symbolique et mémorielle présidée par l’Elysée. Hier, dans la cour des Invalides, au pied de la statue de Napoléon en majesté, Stéphane Bern, le barde, le mémorialiste, le patrimonial du macronisme, présentait un concert, des quêtes et des larmes. Il en profita pour faire applaudir un maître charpentier qui a déclaré avoir le bois nécessaire et pouvoir reconstruire la « forêt » vite, très vite.Retour ligne automatique
La macronie a d’ors et déjà tranché le débat esthétique et établi sa politique de reconstruction, entre deux chansons et un appel à la messe de Pâques.Retour ligne automatique
Le boss de la « start up » nation, européen et mondialiste, est en fait un enfant de cette « France moisie » dont parlait Philippe Sollers en 1999.Retour ligne automatique
« La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés et, finalement, la liberté sous toute ses formes. »

Jeudi, conférence de presse.Retour ligne automatique
Des annonces, des annonces, des annonces. Elles ont toutes déjà fuitées. Retour ligne automatique
Samedi, il y aura un acte XXIV. Retour ligne automatique
Et, mercredi prochain, 1er mai, ce sera l’anniversaire de Benalla. Un an déjà. Il sera temps alors de prendre du recul, de faire un premier bilan. Des existences ont changé. Le paysage politique s’est transformé. Retour ligne automatique
Une conscience se construit.

Victor Hugo a été amplement cité cette semaine. Aussi, avec Sollers toujours, j’aimerais faire un signe à Gustave Flaubert :Retour ligne automatique
« Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle on le sait fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle ». Retour ligne automatique
Elle est et sera collective. Voyez le chemin parcouru dans la compréhension fine des événements et le rejet des rabâchages de l’extrême droite, de l’extrême centre et des ritournelles en général.

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Mercredi 17 avril

Mon Dieu, mais c’est une homélie !

La Nation depuis les cathédrales…Retour ligne automatique
La destruction, les guerres et les révolutions : les fautes des Hommes…Retour ligne automatique
La communauté de destin…Retour ligne automatique
La participation de tous… chacun à sa place.

Et voilà que le soir à vingt heures, au lieu d’annoncer des mesures visant à répondre à la crise sociale et politique du pays, IL prêche.

Et c’est Stéphane Bern, histrion pleurnichard, qui, comme il se doit à la fin du sermon, passe la sébile.

Et soudain, les annonces de dons arrivent en rafales. Les fidèles soutiens, Arnault, Pinault, Bouygues et consorts donnent des dizaines de millions, tout droit sortis des paradis fiscaux pour les recycler à 60% d’exonération fiscale. Mais ce n’est pas suffisant. Jean Pierre Aillagon, ancien ministre de la culture et aujourd’hui conseiller privé de Pinault propose de faire de Notre Dame un trésor national et… d’exonérer les dons à 90% ! Retour ligne automatique
Rapide, net, précis, comme à la parade.

Et voilà qu’avec l’aide de la Vierge Marie, notre sainte patronne, IL tente même un Miracle : Retour ligne automatique
« Notre Dame sera reconstruite en Cinq Ans ». Retour ligne automatique
Les spécialistes les plus optimistes parlent de dix ou quinze ans. Mais IL n’a que faire du temps et des avis pertinents. Et cela dans tous les domaines semble-t-il.

Le texte prévu pour son allocution télévisée fuite.

Et voilà qu’IL annonce, sans doute touché par la Grâce, qu’IL va le revoir sur la forme et le fond.

Ite missa est.

Rien, mais rien n’empêchera la tenue de l’Acte XXIII entre le vendredi saint et le jour de Pâques.Retour ligne automatique
Rendez vous samedi. Acte XXIII.

Sinon, le président du Conseil Constitutionnel algérien a démissionné après une nouvelle manifestation record. Retour ligne automatique
Les soudanais sont devant le QG de l’armée et refusent une transition militaire.

A samedi !

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Mardi 16 avril

L’actualité du jour est entièrement saturée par l’émotion qui a suivi l’incendie destructeur de Notre Dame de Paris. Émotion sidérante.Retour ligne automatique
Notre Dame est dans la vie de chacun, par sa beauté, par la pertinence du site, par son épaisseur historique ou simplement par son témoignage dans nos vies. Percevoir l’émotion, la tristesse d’une population attachée aux monuments qui bornent sa vie, bien au-delà de la foi, des représentations politiques ou autres est simplement être humain.Retour ligne automatique
Bien sûr, l’approche est diverse, l’humaniste verra lui revenir en mémoire Victor Hugo, mais aussi Le paysan de Paris d’Aragon ou un poème de Gérard de Nerval ; le lecteur du Figaro pensera à Péguy ou à Barrès, le nationaliste extrême n’oubliera pas Maurras. Même l’approche consumériste de Disney ou de la comédie musicale participe à l’émotion collective en étant un vecteur essentiel du retentissement mondial de cette catastrophe. Retour ligne automatique
Seules ces militantes de l’UNEF qui tentent un rapprochement imbécile avec leur prurit décolonial sont méprisables. Les autres, complotistes narcissiques, sont à ignorer. Retour ligne automatique
La nostalgie s’en mêle. On voudrait voir figer le réel a postériori, penser à la permanence des choses alors que toute construction procède de la destruction, les arbres de la charpente comme les pierres des carrières. Et chacun sait bien au fond de lui que tout périt, tout change. Pour le mieux optimise le révolutionnaire.Retour ligne automatique
Mais, les nappes d’émotion ne feront pas oublier aux historiens d’Art et aux spécialistes du patrimoine que « Notre Dame, c’est l’incendie de trop ». Les politiques qui un à un défilent sur le parvis ont au fil du temps et de leurs mandats réduit les budgets, les normes de sécurité et, en fin de compte, délaissé un monument qu’ils pleurent aujourd’hui. Et ce ne sont pas une tombola, une pitrerie de Stéphane Bern ou les dons recyclables fiscalement des Arnault, Bouygues, Pinault et autres qui feront oublier l’incurie de la politique culturelle du gouvernement.

L’allocution présidentielle reste donc sous cloche comme la Lettre de Mandiargues. Suspendre le temps quelques jours de plus. Sans doute Macron va–t-il retravailler son texte pour le badigeonner d’une couche d’union nationale. Il aurait tort, la mauvaise foi pue.Retour ligne automatique
En attendant le moment propice, Macron a adressé à chaud quelques mots de circonstances à la télévision. Comme tout orateur qui se respecte, il a commencé par l’anaphore : « Je veux avoir une pensée pour… » et a ensuite déroulé un discours convenu, exempt de tristesse et de toute émotion pour terminer par « l’histoire qui nous rassemble ». Le roman historique des réactionnaires bon teint. Qu’aurait dit à sa place Mitterrand, pétri de culture, ou même un président normal ?Retour ligne automatique
La fin de l’intervention ne fut qu’assaut de démagogie, condescendance :Retour ligne automatique
« Nous ferons appel aux plus grands talents qui viendront nous aider. Nous rebâtirons Notre-Dame. C’est ce que les Français attendent, c’est ce qu’ils méritent ». Sans commentaire. Retour ligne automatique
Tais-toi, je suis triste.

***

Lundi 15 avril

Toulouse, O ! Toulouse. Retour ligne automatique
L’acte XXII des gilets jaunes avait Toulouse comme capitale. La police aussi. Ce fut l’occasion d’étrenner la nouvelle loi anticasseurs retoquée et les nouvelles méthodes répressives : former une nasse, lancer une grenade au milieu et bastonner tout ce qui s’échappe. Soyons clair, c’est une technique de guerre, un massacre colonial, si vous remplacez grenade lacrymogène par grenade offensive. Du jamais vu en « maintien de l’ordre ».Retour ligne automatique
Une attention particulière a été portée aux journalistes indépendants et à leurs matériels d’enregistrement. Le pouvoir des images face au pouvoir des matraques.Retour ligne automatique
L’Acte XXII, c’était aussi la manifestation contre les violences policières. Unitaire, rapide, propre.Retour ligne automatique
Le Grandeba, sa « restitution » par le premier ministre (il l’avait donc volé ?) devait peser sur le mouvement. Pas de chance, on était plus nombreux qu’à l’acte XXI.Retour ligne automatique
Pendant ce temps, Macron, silencieux et solitaire, préparait son Apparition.Retour ligne automatique
La macronie est comme ce sous marin, dans le film éponyme, qui plonge au delà de sa limite pour éviter les grenades. Le danger, c’est la pression sur la coque et l’explosion des rivets. Macron constate les dégâts et envoie ses matelots boucher les trous, à main nues ou à l’aide de chiffons car les rivets de la participation au Grandeba et les mensonges de sa synthèse ont sérieusement attaqué la coque. Le dernier rivet en date, c’est le canon César et l’arsenal livré par la France à l’Arabie Saoudite pour massacrer le Yémen. Le maintien de l’ordre à l’international, ce sont des milliers de victimes. En France, ce sont tous les noms collectés sur la liste terrible de David Dufresne.

Ce soir, à 20 heures, le capitaine Macron fera surface, seul avec ses annonces. Lesquelles ? Retour ligne automatique
« Il n’écoute plus personne » disait Bayrou. Alors ?Retour ligne automatique
Macron s’adressera à la France, aux français, à ses adorateurs, à « ceux qui sont », à « Jojo, le gilet jaune », à « ceux qui ne sont rien », aux clowns, à « ceux à qui l’on doit tout expliquer », à ceux qui ne comprennent rien … Bref, seul comme jamais, il devra défendre sa place, sa classe, sa secte.

Si la situation sur le terrain se stabilise, à l’exception notable d’initiatives multiples dans les écoles et les lycées juste avant les vacances, les soutiens intellectuels et politiques des gilets jaunes commencent à s’échauffer en polémiques stériles sur les réseaux sociaux, atteignant le point de Godwin : « Une critique de personnes, sans critique de structure, est une attitude fasciste ! »Retour ligne automatique
Les stigmatisations des « leaders » reviennent en escadrille. Gilets jaunes citoyens, gilets jaunes en colère, Priscillia, Nicolle, Drouet, vous êtes sommés de choisir votre camp.Retour ligne automatique
Après les méfiances initiales, les réactions à contretemps, les concepts lourds à la détente, c’est maintenant l’impatience.Retour ligne automatique
La tension est palpable, politique autour de Macron, versatile autour des gilets jaunes. Retour ligne automatique
Mais le mouvement est solide.

Tous les soirs à vingt heures Retour ligne automatique
La France a peur Retour ligne automatique
(Ouhhhhh) Retour ligne automatique
Tous les soirs à vingt heures Retour ligne automatique
(Ouhhhhh) Retour ligne automatique
La police vous parle Retour ligne automatique
(Aillez confiance) Retour ligne automatique
Tous les soirs à vingt heures Retour ligne automatique
Mickey 3D « La France a peur ». Chanson parodique.

La France a peur. Pas celle des gilets jaunes qui est solide maintenant sur les ronds points, dans les baraques, dans les assemblées.

***

Vendredi 12 avril

« Le peuple est éduqué, l’Etat est traitre »Retour ligne automatique
« Le peuple est éduqué, l’Etat ment »Retour ligne automatique
Depuis plusieurs jours, ce mot d’ordre résonne dans les rues des villes algériennes.Retour ligne automatique
Il pourrait être repris dans bien des endroits du monde où les couches populaires cherchent les voies de l’émancipation.Retour ligne automatique
Le peuple s’éduque dans son mouvement. La part de chacun mise au service de l’action commune crée un savoir collectif. Retour ligne automatique
Cinquante ans de vie militante m’ont au moins appris une chose, on n’éduque pas le peuple, il s’éduque.Retour ligne automatique
L’Etat ment mais il n’est pas le seul ; la préservation de l’État et des privilèges qui lui sont attachés pousse au mensonge un large panel d’organisations et de personnalités.Retour ligne automatique
Mais le peuple est éduqué et sait reconnaître les menteurs.

En cinq mois, si l’on calcule ce laps de temps à partir de notre horloge jaune, deux dictateurs ou représentants de dictature sont tombés. Bouteflika et Omar El-Bechir, en Algérie et au Soudan. Ce sont les victoires de peuples qui se sont mobilisés dans leur entier. Maintenant, ces peuples sont face à l’armée et à la hiérarchie militaire. Face à face terrible et inévitable. Dictature, transition ou révolution ?Retour ligne automatique
En cinq mois, ce sont à nouveau les vents des révolutions arabes qui soufflent comme en 2011-2012. Mais le peuple s’est éduqué Retour ligne automatique
Mais « le peuple est éduqué ».Retour ligne automatique
« Ca y est, c’est bon, le peuple président ! » c’est la conclusion sous forme de mot d’ordre de la manifestation de ce vendredi.Retour ligne automatique
Le peuple apprend vite, comprend vite mais il doit aussi rapidement trouver des solutions politiques en son sein.

Cinq mois que le mouvement des gilets jaunes est commencé. Retour ligne automatique
Demain ce sera l’Acte XXII.Retour ligne automatique
Enfin, nous avons vu un trou noir. Nous le connaissions théoriquement mais il était invisible. Nous connaissions le macronisme. Nous connaissions les conditions de son apparition. Mais jamais nous n’aurions pu concevoir une telle concentration de problèmes politiques, une telle avalanche de révélations crapuleuses. Retour ligne automatique
En une semaine, la tricherie sur les conclusions du Grandeba est révélée. Retour ligne automatique
La loi Pacte est votée donc les privatisations de ADP et de la Française des Jeux sont actées. Aussitôt apparaissent les nominations douteuses, femme de Legendre, chef des députés LREM, copain ailleurs. Les montages financiers sortent des tiroirs. Les géants du BTP avancent à visage découvert. Retour ligne automatique
Les députés se présentent de front et lance un RIP Sarkozy. Benala continue de se banaliser. Les mises en examen se succèdent.Retour ligne automatique
Cette semaine est aussi la semaine du « bloquons Blanquer ». La mobilisation est multiforme, résolue et ne se pliera pas au calendrier syndical. Blanquer se démultiplie en vain dans les médias.

Pourtant défait, ridiculisé en Europe, Macron continue à pousser sa politique toujours plus libérale, toujours plus clanique et se prépare à annoncer ses mesures « issues du Grandeba » dimanche ou lundi. Il est fort à parier que ce ne seront que des mesures d’accélération, de passage en force de sa politique avec sa dose écœurante de « pédagogie pour les citoyens, ces nuls qui ne comprennent rien » et avec aussi une forte dose de menaces et de répression.Retour ligne automatique
Samedi, à Paris, la LDH, rejointe par la cinquantaine d’organisations qui se réunissaient pour se donner mutuellement des preuves de vie, appelle à une manifestation contre l’interdiction de manifester et contre les violences policières. Sans doute, les gilets jaunes se retrouveront-ils sur ces points. Quelle tournure prendra cette manifestation ? C’est une question importante car depuis « Macron démission » voilà à nouveau le cœur de l’État mis en cause.Retour ligne automatique
« Le peuple est éduqué, l’État traitre ».

Le week-end dernier, l’AG des AG s’est tenue à Saint Nazaire. Succès médiatique, succès populaire. Succès politique ? Il est trop tôt pour le dire car ce type de réunion ne se juge heureusement pas sur les textes qu’elle produit mais sur les actes, les avancées qu’elle génère. Or, beaucoup d’injonctions à retourner vers les « gens », à se retrouver, à s’organiser mais peu d’analyses en fait.Retour ligne automatique
Qui parle à qui ? C’est toujours la question. Et pour dire quoi, vraiment ? C’ est la question subsidiaire.Retour ligne automatique
Interrogée sur la perspective de la semaine jaune, idée venue de Saint Nazaire, Priscillia Ludovsky a répondu qu’elle ne connaissait pas les détails de l’opération, qu’elle n’avait rien à en dire. C’est aux gilets jaunes de se tourner vers leurs assemblées locales, à discuter et à décider de participer ou non à tel ou tel événement. C’est aussi à eux de proposer et de voir l’écho rencontré par leur projet. De fait, Priscillia définit clairement ce que doivent être les protagonistes d’un événement révolutionnaire. Retour ligne automatique
D’autre part est paru la liste des revendications portées par le Vrai débat. C’est un Vrai point d’appui.

L’Acte XXII est en cours et devrait se concentrer sur un pôle toulousain important comme ce fut le cas à Bourges. Retour ligne automatique
« Ca y est, c’est bon, le peuple président »Retour ligne automatique
Ce mot d’ordre d’Alger n’a d’intérêt que lorsqu’il sort de la poitrine de millions de personnes en même temps et au bon moment.Retour ligne automatique
L’Acte XXII n’en est pas à ce stade, loin de là, mais l’approfondissement de la crise avance toujours et le retour à la forme classique de la politique n’est plus possible.

Sinon, la campagne des européennes produit son lot d’idioties et de bassesses. Des personnages apparaissent, sympathique comme Manon, ridicule comme Loiseau.

***

Lundi 8 avril

Lorsque j’étais petit, mon grand père m’emmenait avec lui, à pied, à Châteauneuf, chef-lieu du canton. Il allait chercher, tous les trois mois, sa retraite d’ancien combattant, à la perception. Au retour, nous nous arrêtions au magasin de jouets, « le Nain jaune », du nom d’un jeu célèbre à l’époque. Une façade de briques peintes en jaune. Une vitrine étroite et surchargée de figurines en bois. Pourquoi ce souvenir me revient-il ?Retour ligne automatique
Cette couleur, le jaune, autrefois chargée d’une connotation péjorative dans la classe ouvrière est devenue et, sans doute pour longtemps, le cri persistant des classes populaires. Retour ligne automatique
Chaque couleur à sa fréquence. Aujourd’hui, le jaune émet un murmure, un cri, un hurlement, une chanson d’un volume variable mais continu : Macron démission !Retour ligne automatique
Samedi dernier, nous avons entendu le son des gilets jaunes. Le bruit des grenades, le brouillage de la propagande télévisée, ne peuvent pas le couvrir. Bien sûr, rien de comparable à la marée humaine déferlant dans les rues d’Algérie mais un mouvement permanent, un bruit de fond, du murmure au larsen. Retour ligne automatique
Cinq mois et toujours les mêmes revendications, la même exigence. Des acouphènes insupportables pour le Prince et ses courtisans.Retour ligne automatique
Il arrive que les acouphènes rendent hystériques. Castaner, sans doute irrité par le retoquage de sa loi anti casseur par le Conseil constitutionnel a montré sa face sombre : ses déclarations indignes contre les ONG complices des passeurs en Méditerranée. Ce n’est pas un ministre qui reprend les mots de Salvini ; c’est un ministre d’extrême droite comme l’est l’italien.Retour ligne automatique
Un menteur aussi, mais en cela il ne se distingue pas de ses collègues du gouvernement. Son chiffrage est incohérent : à Paris, trois manifestations, un nombre ridicule de manifestants, et 15 000 contrôles. Est-il possible de se faire contrôler plus de cinq fois de suite ?

Ce matin, le premier ministre, dans un cadre somptueux, a présenté, langue de bois et lapsus inclus, les premiers résultats du GRANDEBA.Retour ligne automatique
Les longs développements sont dans les journaux. Un résumé succinct suffira. Retour ligne automatique
Les revendications des gilets jaunes sont très minoritaires donc non retenues. Retour ligne automatique
Les marqueurs du néolibéralisme sont plébiscités : impôts pour tous, restrictions des dépenses publiques, baisse d’impôts pour les entreprises, « simplification » … Retour ligne automatique
Quelques modifications piégées (genre piège à ours) : Retour ligne automatique
vote blanc (mais alors vote obligatoire et amende à la belge ?), référendum local (la meilleure façon d’imposer le prochain aéroport), référendum à la Sarkozy un peu amélioré qui n’a servi à rien avec Sarkozy, alors ?Retour ligne automatique
Les algorithmes ont bien travaillé, mais les manœuvres de camouflages touchent à leurs fins.

On a compris. Mais on peut être encore plus clair.Retour ligne automatique
Des démographes ont superposé la carte de France des réunions du GRANDEBA avec celle du vote Macron au premier tour des présidentielles. Retour ligne automatique
Alors, alors ? Retour ligne automatique
Disons qu’elles se superposent assez facilement. Retour ligne automatique
Étonnant, non ?

A Saint-Nazaire, s’est tenue l’AG des AG dans la continuité de l’AG de Commercy. Succès incontestable de la participation. Couverture médiatique et retransmission sur les réseaux à la hauteur de l’événement.Retour ligne automatique
Nous attendons la sortie des documents mais nous souhaiterions que soit abordé le paradoxe dit « paradoxe du militant ». Comment faire une véritable auto-organisation avec des militants par ailleurs organisés verticalement. Depuis des années, de nombreux textes expliquent comment « organiser l’auto-organisation ». Espérons qu’à Saint-Nazaire cette injonction paradoxale soit dépassée par les initiatives multiples et par l’intelligence des rencontres.

Cette semaine sera sans doute capitale pour un secteur au moins : l’enseignement, primaire en particulier. La grève de jeudi a été un franc succès, je n’y reviens pas. Pour la suite, pour en finir avec la loi du ministre et le ministre de la loi, le syndicat majoritaire propose une grève en mai ; des assemblées départementales, SUD 94,95, appellent à la reconduction de la grève dès aujourd’hui. Des assemblées de grévistes comme à Toulouse rejoignent les gilets jaunes. Ce mouvement est à un point de bascule et Blanquer, ce héraut de la Macronie, dans la tourmente.

A suivre…

***

Vendredi 5 avril 2019

Jean-Michel BlanquerRetour ligne automatique
Ministre autoritaireRetour ligne automatique
De ta loi on n’en veut pas

Comme un écho.

Hier, à Paris, il y avait Retour ligne automatique
70% de grévistes dans le primaireRetour ligne automatique
230 écoles ferméesRetour ligne automatique
480 professeurs des Écoles à l’AG du matin.

Cela devient sérieux.

A la fin de l’AG, les quatre motions présentées ont été votées. Toutes les perspectives d’action sont ouvertes, certaines sont contradictoires. Les syndicats ne s’opposent à rien, ne privilégient rien.Retour ligne automatique
Ce sont donc les établissements en AG et en réseau qui décideront.

Cela devient très sérieux.

L’après midi, la manifestation était très importante. Le responsable de FO, multipliant sa délégation par 100, annonçait 10 000 enseignants. Généreux, dans les deux cas.Retour ligne automatique
Entre les délégations à ballons, des milliers de délégations d’école et d’établissements souvent constituées de très jeunes professeurs avançaient d’un pas décidé. De temps en temps, les vieux responsables de tête, les chenus de la FSU, faisaient arrêter le cortège pour souffler.

Cela devient très très sérieux.

Aujourd’hui, des « stylos rouges » ont été reçus au ministère de l’éducation par le DRH. Coup de tonnerre, tremblement de terre, la représentation du personnel n’est plus un monopole. Le château de cartes des élections et des représentations syndicales vacille.

Cela devient très très très sérieux.

Les milliers de messages qui s’échangent sur le net prennent les formes les plus diverses. Une exception toutefois, le langage politico syndical. Il faut que les anciens comprennent que ces jeunes collègues n’ont pas été biberonnés à la langue SNI ou SNES. L’âge moyen des syndiqués augmente depuis des années. Le nombre des syndiqués, lui, décroit.Retour ligne automatique
Les collègues qui interviennent sur le réseau s’expriment comme dans la vie, dans leur vie. Ils demandent des renseignements sur la déclaration de grève, l’adresse aux parents, se répondent, se likent. Ils échangent des informations, font des calculs, ajoutent des revendications. Autrefois, ils s’adressaient à leur syndicat. Retour ligne automatique
Surtout, comme dans leur vie, comme sur leurs comptes Facebook ou autres, ils expriment leurs sentiments, leurs émotions. Enthousiasme ou crainte, colère et joie. Ils ne jouent pas à la grève, ils sont la grève.Retour ligne automatique
Le spontanéisme. Nous avions besoin de moult citations et exégèses pour arriver à concevoir une tel objet conceptuel. Quant à faire confiance à ce brillant édifice intellectuel et oser, c’était encore une autre question. Il fallait d’abord en référer à la hiérarchie démocratiquement centralisée.Retour ligne automatique
Sur les sites et les réseaux, l’impulsion est digitale mais aussi amicale, fraternelle, rapide, résolue et sensée. L’émotion circule, les espoirs concernant la pratique du métier sont intimement liés au mode de vie, au mode de pensée.Retour ligne automatique
Bien sûr, les illusions, les aliénations sont, comme partout, présentes mais elles ne sont pas redoublées par le discours d’organisations qui n’ont d’autres fonctions que de perdurer. Depuis 1995 et l’apparition du nouveau syndicalisme, elles auraient pu faire preuve d’humilité et d’efficacité. Les collègues ne leur en tiennent pas rigueur, ils les ignorent ou les utilisent pour ce qu’elles sont devenues, des agences de service de moins en moins utiles et performantes.

Ce fonctionnement que je viens de décrire n’est pas apparu au printemps, comme les jonquilles. Les « gilets jaunes » le pratiquent à quelques nuances près depuis presque cinq mois.Retour ligne automatique
Les enseignants et les gilets jaunes ne se reconnaissent pas, ne se connaissent pas ou mal. Ils reproduisent les uns envers les autres les conduites sociales induites par le système mais ils se retrouvent dans une lutte contre une même politique, un même gouvernement, un Macron commun.Retour ligne automatique
Il ne s’agit pas d’une construction politique que des stratèges nomment convergence ; il s’agit de luttes qui peuvent se rejoindre à partir de leur praxis. Ils peuvent se reconnaître sans le recours aux raisonnements discursifs des appareils. Retour ligne automatique
Seraient-ils devenus disruptifs ?

Demain Acte XXI. Qui l’eut cru ?

Le GRANDEBA s’échoue en Corse.Retour ligne automatique
Deux idées semblent émerger des premières feuilles : des compensations pour les indemnités sociales et la reconnaissance du vote blanc. Retour ligne automatique
On plaisante ?Retour ligne automatique
L’acte XXI, axé sur la justice fiscale et la révolution écologique, c’est sérieux.

Le mouvement ne renoncera pas.

La lutte des enseignants fragilise Blanquer, « le ministre phare de la Macronie ». Les plus avancés dans la compréhension du mouvement comme les chercheurs mais aussi certains professeurs disent haut et fort : « Nous sommes gilets jaunes ! » Tous se retrouveront dans le combat contre les violences policières, l’interdiction de manifester et pour l’amnistie et la justice. Retour ligne automatique
Ce serait bien que les organisations qui se rencontrent mensuellement sur ce sujet, dépassent la fonction phatique du « T’as vu ? On est là ! » et décident d’un meeting, d’une manifestation ou d’un lâcher de ballons. Il serait quand même dommage que le mouvement de protection démocratique se fasse sans elles. Vraiment.

Le mouvement des gilets jaunes se trouve extraordinairement renforcé politiquement par la levée en masse du peuple algérien qui récupère sa révolution. Les analogies sont des forces politiques.Retour ligne automatique
Aujourd’hui encore, des records sont battus à Alger.

Sinon, hier, un grand débat avec les têtes de liste aux élections européennes. Retour ligne automatique
Alors ?Retour ligne automatique
Il manquait LO !

***

Lundi 1er avril

On est là ! Retour ligne automatique
On est encore là ! Retour ligne automatique
On est toujours là ! Retour ligne automatique
On sera là tant qu’on ne sera pas entendus. Retour ligne automatique
On sera là tant qu’aucune réponse ne sera apportée à nos revendications. Retour ligne automatique
On sera peut-être là alors que tu n’y seras plus. Retour ligne automatique
On sera pour toi le spectre d’Hamlet.

Le chœur de la Macronie et son coryphée entonnent, lui, encore et encore la même chanson :

Premier couplet.

Revendications ? Quelles revendications ? C’est inaudible ! Confus ! Contradictoire ! Ils ne savent pas ce qu’ils veulent !Retour ligne automatique
Mauvaise fois évidente car d’acte en acte, de réunions en synthèses, elles sont maintenant très claires ces revendications. Aussi bien sur le plan social, démocratique que judiciaire. Elles viennent encore d’être précisées dans le compte-rendu du Vrai Débat édité par Pricillia Ludovsky.

Deuxième couplet

Des représentants, des organisations, des délégués, des interlocuteurs ! Retour ligne automatique
Vous n’en avez pas ! Vous n’existez pas !

Martine Larrere, historienne des révolutions et de la citoyenneté, au micro de France Culture, le 26 mars :Retour ligne automatique
« Dans l’événement, il y a des protagonistes, des leaders de terrain, comme pour la Prise de la Bastille. Après ils disparaissent… Lorsque la Révolution est sortie de sa phase insurrectionnelle et qu’elle s ‘est installée dans l’état révolutionnaire, en général ce sont des moments de « dérévolution » comme on dit détricoter, déconstruire ; alors des leaders se dégagent. »Retour ligne automatique
En France, comme en Algérie d’ailleurs, le processus n’en est pas à la phase de structuration, de stabilisation ou de repli. En Algérie, l’existence d’une deadline, la démission de Bouteflika, et l’élection présidentielle vont forcer le processus mais en France la durée et la répétition des actes poursuivent l’approfondissement de la crise. Retour ligne automatique
La précipitation dans la structuration est une pulsion léniniste, une impatience de vieux révolutionnaires, comme un gauchisme à l’envers. Vouloir anticiper sur le processus révolutionnaire, asseoir une situation en mouvement au risque d’une contre révolution, peut contribuer à l’assécher. C’est un danger qui menace toutes formes de centralisation, et les précautions comme le mandat bloqué ou la révocation immédiate ne sont que des éléments de langage mortifères. Qui a déjà participé à un congrès avec des déléguées aux mandats bloqués ?Retour ligne automatique
C’est le plus souvent le manque d’approfondissement politique qui fait prendre la superficialité, la technique, pour du contenu. Et cet approfondissement ne s’acquiert que dans les débats en AG, les échanges et les confrontations, la résolution collective des contradictions rencontrées en assemblées et sur le terrain. Bref, en s’immergeant et non en s’extrayant. Ne jamais oublier que la recherche du Commun est une praxis, pas une recherche d’harmonie apollinienne. La question serait donc QUE FAIRE, ENSEMBLE MAINTENANT ?

L’Acte XX a été le moment d’une importante mobilisation enseignante contre Blanquer, ses dires et sa loi. Retour ligne automatique
Depuis novembre, il y a, chez bien des militants, une volonté de faire coïncider le mouvement des gilets jaunes, les luttes enseignantes et le développement des « stylos rouges ». Les plus avancés dans cette voie sont les chercheurs qui dans leurs textes se proclament gilets jaunes.Retour ligne automatique
Mais la magie de la « convergence » ne va pas de soi.Retour ligne automatique
Les organisations syndicales et politiques influentes dans ce milieu ont des réticences face aux gilets jaunes. Elles ont même participé, au début du mouvement, à la campagne de dénigrement. Et encore samedi, le syndicat majoritaire a tout tenté pour contrôler la manifestation, la maintenir dans les « règles de la bienséance ». Mais les manifestants des établissements en lutte se sont regroupés, laissant les bureaucrates bureaucrater. Évidemment, un changement d’itinéraire pour rejoindre les gilets jaunes aurait fait monter d’un cran la pression mais le milieu enseignant qui a beaucoup changé depuis quelques années n’y était pas prêt. Et puis, les « leaders de terrain », comme dit Martine Larrere, sont bien calmes ou assagis, dans cette couche sociale. Retour ligne automatique
Ce que l’on peut constater, c’est qu’il y a un problème de place sociale et de supposée supériorité intellectuelle intériorisée au cours des études qui pèse très fort dans l’imaginaire des enseignants. Ils ne sont plus, ni socialement ni organisationnellement, proches des « couches populaires ». Le métier d’instituteur n’est plus un moyen de s’élever socialement sans renier sa classe d’origine. Ne revenons pas au temps des Écoles Normales, mais aujourd’hui, pour atteindre le niveau requis pour être recruté, il faut pouvoir faire de longues études. Le métier d’enseignant n’échappe plus à la pesanteur de la reproduction sociale. Les cas Bourdieu ou Louis sont des cas d’école plus encore aujourd’hui qu’hier. Retour ligne automatique
Ce milieu est bourré de contradictions et n’a pas une conscience claire de lui-même. Les approches du métier ont aussi évolué à mesure que la possibilité d’envisager une autre société perdait de sa force. La syndicalisation a reculé, la pensée collective aussi. L’approche pédagogique a changé et bien des pratiques « révolutionnaires » ont été désarmées. Seul, son propre mouvement fera évoluer ce milieu. Seule, la lutte collective le fera sortir de l’ornière du corporatisme. Et peut-être alors retrouvera-t-il le chemin de l’émancipation ?

La lutte contre la loi Blanquer est engagée. Retour ligne automatique
Contre les mesures qui touchent directement à la pratique du métier, les dotations, les suppressions de postes, les regroupements d’établissement. Retour ligne automatique
Contre les mesures qui touchent les programmes, contre la conception scientiste de la pédagogie, contre le rapprochement avec le privé au détour d’une loi sur la scolarisation obligatoire des enfants de trois ans (Ils sont presque tous scolarisés à cet âge mais il existe de nombreuses écoles privées qui bénéficieront ainsi de la manne de l’argent public.) Retour ligne automatique
Contre le discours sur le « devoir de réserve » et l’exemplarité conservatrice.Retour ligne automatique
De nombreux réseaux se sont crées sur tout le territoire, les enseignants sont reliés entre eux. Les « stylos rouges » que je voyais d’un œil trop optimiste il y a deux mois, prennent de la vigueur aujourd’hui. Certes, d’aucuns tiennent à rappeler que ce mouvement est né à propos des salaires. Le niveau de conscience est très inégal encore mais les gilets jaunes sont sortis pour refuser la hausse prévue des taxes sur les carburants.Retour ligne automatique
Comme souvent la mobilisation mêle lutte corporative et lutte politique. Le mélange est explosif. « Blanquer démission » sonne comme « Macron démission ». Blanquer se montre hésitant. L’enjeu est de taille.Retour ligne automatique
Jeudi, les enseignants seront en grève. Déjà, des établissements sont occupés. Retour ligne automatique
Un tournant dans la lutte contre Macron.

Ce qui nous intéresse en premier lieu c’est le mouvement, sa nature, sa force, son renouvellement. Mais il ne faut pas oublier qu’il affronte un adversaire qui lutte et souffre lui aussi ! Nous avons vu que la politique néolibérale nécessitait un verrouillage sur les objectifs. Elle ne se négocie pas.Retour ligne automatique
Mais il semblerait, à la lecture du Parisien, souvent bien informé sur les soupentes du Palais, que la situation accentue l’isolement et l’égotisme du président. La nomination à des postes de ministres de très très proches, après plusieurs jours de vaines recherches, va dans le sens de l’isolement politico-psychique. Retour ligne automatique
La cacophonie dans la confection de la liste LREM pour les Européennes, les cafouillages et bafouillages lors de la présentation de cette liste, le grotesque du meeting montrent le peu d’épaisseur politique du regroupement et la faiblesse insigne du personnel qui entoure le « leader de la Start up nation ». La tournée de promotion des conseillers en goguette, Emelien et Amiel, pour leur ouvrage « théorique » sur la nature de la Macronie tourne à la catastrophe. Le contenu du livre est affligeant mais surtout on apprend, lors d’une interview à France 5, que les concepteurs des lois contre les fake news ont fait des faux et diffusé des vidéos bidouillées pour sauver le bel Alexandre.Retour ligne automatique
Je pense que l’on n’est pas au bout de nos surprises puisque la nouvelle porte-parole du gouvernement est une adepte du « mensonge de protection » et du « porte-parolat d’écoute » ! Retour ligne automatique
Au mieux le silence, au pire le mensonge.

Le mois d’avril commence. La crise s’approfondit. Chaque événement sépare un peu plus les Hommes de l’Olympe.

Sinon ?Retour ligne automatique
Le NPA appelle à voter LO. Mon Dieu, les européennes !Retour ligne automatique
Alors ? Non, rien.

***

Mardi 26 mars

L’Acte 19 est passé. Les gilets jaunes ne sont pas tombés dans le piège de la montée en puissance de la violence. Mais une fois encore, les policiers et les DAR se sont distingués comme à Nice où une responsable pacifique de 73 ans se retrouve à l’hôpital après une charge policière.Retour ligne automatique
Le Préfet Grimaud aimait répéter avec fierté que la police n’avait fait aucun mort à Paris en mai 1968. Il faisait aussi le tour des casernes en disant que frapper un homme à terre, c’était se déshonorer.Retour ligne automatique
Le Préfet Lallemand, lui, fraîchement nommé, a passé vendredi dernier les troupes en revue sur les Champs Élysées en appelant à la plus grande sévérité. On imagine ce que ce mot peut signifier quand on inclut l’armée dans le dispositif de maintien de l’ordre et quand on renvoie un préfet qui a donné des consignes pour un emploi plus « raisonnable » des LBD.Retour ligne automatique
Il ne s’agit pas d’idéaliser le passé et de faire passer le gaullisme pour une démocratie populaire mais il faut bien admettre que dans un cas vous avez un serviteur de l’État et dans l’autre un uniforme à casquette, au service d’une caste. La casquette est sans doute, soit dit en passant, ce qui différencie le préfet Lallemand de Benalla.Retour ligne automatique
Dans le même ordre d’idées, on a entendu un général de gendarmerie pester en off contre les ordres transmis aux forces de police par les hommes de Castaner. « Quand on fait une nasse, il faut laisser une possibilité de sortie, sinon, c’est la violence assurée. » Retour ligne automatique
De même en politique, dans les négociations syndicales, il faut toujours ménager une issue si l’on veut éviter le risque d’un affrontement violent. Retour ligne automatique
Macron, lui, ne semble connaître que la violence. Il ne peut s’empêcher d’injurier, de stigmatiser, d’affirmer violemment, de soumettre, de prendre le dessus. Ou bien il s’arrange pour que les choses tournent à son avantage. Cf : le Grandéba des intellectuels qui pour la plupart se sont avérés être des salariés de l’Etat. « En tant que fonctionnaire, je ne me voyais pas ne pas participer à ce débat. » Gérald Bronner, sociologue.Retour ligne automatique
La dernière déclaration de Macron concernant la responsable d’ATTAC, grièvement blessée à Nice à la suite d’une charge de police, est odieuse et manifeste bien son mépris et sa morgue.Retour ligne automatique
Ses accès de rage, de violence, s’expliquent aussi sans doute par l ‘accumulation des revers qu’il encaisse. Mais aussi par la bêtise de ses « collaborateurs ». Retour ligne automatique
Le bureau du Sénat a transmis à la justice les résultats de sa commission d’enquête sur l’ « affaire Benalla ». Le président Larcher aurait pu sans doute intervenir pour tenter de sauver les membres du cabinet Macron. Il ne l’a pas fait, c’est son droit. Concert de macronistes : « Forfaiture ! Coup bas politicien ! » Concert de grosses caisses. Le président aurait dû se taire et bien, il n’a pas pu.Retour ligne automatique
Le contexte est grave, l’ « affaire Benalla » se répand comme une nappe de pétrole. Pourtant, les déclarations, les réactions présidentielles sont au moins aussi problématiques que les affaires elles-mêmes. Retour ligne automatique
Tous les épisodes du mouvement des gilets jaunes le confirment, Macron ne veut pas (mais le peut-il ?) négocier. En ce qui concerne les revendications légitimes d’urgence sociale et démocratique (retour de l’ISF, retrait de la hausse de la CSG sur les retraites, indexation de celles-ci sur l’inflation, hausse des salaires, instauration du RIC…), il ne propose, pour toute réponse, qu’un débat, un grand débat soufflé par Bayrou, mais qui s’avère très vite un grand débat avec lui-même, au grand dam de Chantal Jouanno qui devait en être l’organisatrice en chef.Retour ligne automatique
Moi et les maires ; Retour ligne automatique
Moi et les jeunes ; Retour ligne automatique
Moi et les « zintellectuels »… une tournée de province pouvant servir au passage de campagne électorale pour les élections européennes. Retour ligne automatique
Bien sûr, le cirque devra s’arrêter un jour. Il faudra donner un semblant de résultats grâce à la pêche aux mots clés effectuée par de coûteux logiciels. Mais pour gagner encore un peu de temps, organisons des conférences avec des sélections compliquées à souhait. Et, dans le même temps, sortons de ses tiroirs une bonne vieille réforme néolibérale comme celle des retraites, même si les comptes publics ne l’imposent pas. Les ministres « techniques de la société civiles » se chargeront de répéter les mantras néolibéraux qu’ils devaient déjà appliquer dans la « société civile ». Retour ligne automatique
Ce n’est pas un hasard si le temps de travail dans la fonction publique revient dans le débat. La remise en cause du statut des fonctionnaires et le dégraissage des effectifs sont une constante des politiques libérales. Lorsque l’on est sourd aux appels à l’aide, aux cris de souffrance et à la rage des « gens de rien », la seule perspective est la matraque.

Face à ce mur de mépris et de haine, les gilets jaunes ont relevé le défi de se retrouver tous les samedis. Retour ligne automatique
Dix neuf samedis. Retour ligne automatique
La preuve est faite que ce mouvement est un mouvement profond et que la crise politique est ouverte.

La répression et les violences policières sont devenues un problème en soi. Le nombre d’estropiés, d’éborgnés, de blessés graves est impensable dans une « démocratie évoluée ». Le respect des libertés démocratiques, le droit de manifester sont des lignes de force contre la politique de Macron. Des organisations que l’on croyait disparues depuis que les rues se sont teintées de jaune, se sont réunies et envisagent de se retrouver à nouveau. Cette lutte n’est pas une lutte pour des principes, c’est une lutte pour en finir avec une politique liberticide. Un texte commun en défense des libertés ne peut se concevoir sans réclamer l’amnistie pour tous les gilets jaunes, l’interdiction des armes de guerre (LBD, grenades de désencerclement etc. ) et la recherche des responsables. Le mot d’ordre jaune « Dehors Macron » est la clé de voûte de toutes les luttes d’aujourd’hui.

Des fronts s’ouvrent, des barrages craquent. Les jeunes, collégiens et lycéens, dévalent les rues le vendredi contre le système qui les menacent directement. L’interpellation des gouvernants est une prise de parole. La grève, les déferlantes internationales expriment le refus déterminé de changer de société. Ce ne sont pas des cris ou des mots d’ordre (Anti anti anti capitaliste ! Révolution !) c’est une détermination vitale.

D’autres secteurs refusent la violence des mises au pas, les sanctions et les réformes scientistes et rétrogrades. Les enseignants ne sont pas des employés. Ils ne font pas du chiffre. Ils éduquent et forment l’esprit critique des élèves. L’ « École de la confiance » de Blanquer est un des aspects les plus détestables de cette société où l’humain ne serait plus qu’un quotient d’évaluation ou un compte en banque. Les enseignants, noyés dans la foule lors des journées d’action sur le pouvoir d’achat, se révoltent, se mettent en grève lorsque l’on touche à leur fonction et à leur humanité, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Comme pour les gilets jaunes, des circuits, des réseaux se construisent et chacun s’entraide et s’enseigne. Retour ligne automatique
Il n’est pas innocent de rappeler qu’au moment où l’église traverse des moments difficiles (cf Sodoma ), Blanquer, Macron et beaucoup de cadres dirigeants sont des enfants des écoles religieuses, totalement incapables de comprendre l’aspect désintéressé et progressiste de l’Ecole laïque.Retour ligne automatique
Les étudiants, leurs professeurs et les chercheurs ne tolèrent pas le rejet de leurs collègues étrangers (des pays d’émigration) conséquence des hausses des frais d’inscription à l’université. La mondialisation du savoir et du partage a un sens qui s’oppose à la mondialisation financière.Retour ligne automatique
La question de l’École et de l’Université est fondamentale et même si elle n’est pas la seule, elle est emblématique de la profondeur de la crise politique. Retour ligne automatique
D’autres secteurs sont impliqués dans cette défense du sens, de cette estime de soi piétinés par le mépris néolibéral. Les personnels hospitaliers, les personnels des maisons de retraite ne peuvent plus vivre avec les réformes comptables. Retour ligne automatique
Après les désastres provoqués par les changements de management dans les entreprises publiques ou privées accompagnés de suicides et de dépressions, c’est aujourd’hui toute la société qui ne veut plus de la « start up nation » managée par Macron et ses employés du mois.

Les gilets jaunes sont l’expression brutale de ce rejet.Retour ligne automatique
Il est temps de redonner un sens à l’activité humaine, de retrouver l’estime de soi et le respect des autres. Retour ligne automatique
Macron démission !

En ce même mois d’avril et dans un même mouvement d’émancipation, les algériens en masse œuvre aussi à en finir avec la sinistre farce de Bouteflika.Retour ligne automatique
Il était de bon ton, dans un certain milieu, de hurler contre le populisme qui, soit dit en passant, n’a jamais été véritablement défini, comme d’ailleurs nombre de concepts de philosophes de cour et autres vieillards autrefois nommés« nouveaux philosophes ». Aujourd’hui, on s’aperçoit que dans des pays « illibéraux » comme la Serbie ou la Hongrie, la liberté fait entendre sa voix et que ce sont les dénonciateurs de l’illibéralisme qui en appliquent maintenant les méthodes.Retour ligne automatique
L’histoire est parfois déroutante et ses retournements ne sont pas inhabituels. On les appelle ensuite révolutions ou révoltes. Ils ne sortent pas des lignes d’un programme mais d’un refus et d’une fierté.

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Les épisodes précédents du Journal des Gilets Jaunes sont disponibles aux adresses suivantes :

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article238

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article234

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article230

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article229

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