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Premier état de mes réflexions par Michel P.

mardi 2 juin 2020, par Club Politique Bastille

1) État de sidération :

Toute réflexion sur le devenir possible de la situation doit prendre en compte cet élément : En France, en Europe et partiellement dans le monde entier, les peuples ont vécu une expérience inédite, commune, d’une certaine mesure grandiose. Les questions de l’état sont devenues des questions concrètes de vie et de mort. Dire que plus rien ne sera comme avant est tout aussi hasardeux que d’affirmer tout va rentrer dans son lit. Cet état de sidération ne sera pas sans conséquences sur la conscience des citoyens. En France, d’abord pour une large part ce fut une sidération engendrée par un sentiment de peur, sentiment qui n’a pas touché que les personnes âgées. Peur accentuée par la communication volontaire du gouvernement (et des médias) qui craignait que son impopularité conduise à la désobéissance.

Bientôt une seconde cause de sidération a pris le pas sur la peur sans totalement la faire disparaitre : alors que l’enjeu de la réforme des retraites portait sur quelques milliards à l’échéance de 10 ans, que l’octroi de 10 milliards après le mouvement des GJ était présenté comme un effort dont l’économie française mettrait des années à éponger, subitement la BCE jonglait avec 750 milliards, l’état débloquait 110 milliards, Macron et Merkel annonçaient 500 milliards supplémentaires pour la relance : subitement on changeait d’échelle … il est inévitable qu’à l’aune de ces nouvelles données la politique antérieure soit soumise à la critique des peuples : ils viennent de le vivre en direct.

2) État en France

C’est un fait souligné par beaucoup : le degré de méfiance et de déconsidération à l’égard du pouvoir ne tient pas seulement à la gestion de la pandémie (d’autres gouvernements comme celui du R.U. ont mal géré la crise mais n’ont pas pour autant subi cette méfiance) il tient à la situation antérieure ( GJ. Retraites et aux politiques antérieures depuis des années)

Elle tient aussi à l’état de notre état :

Premièrement il n’y a jamais eu d’état providence : il y a eu des rapports de forces sociaux qui ont conduit à des conquêtes, conquêtes qui au cours des dernières décennies ont été rabotées. L’état, en France a été marqué par les rapports noués à la fin de la guerre. Rapports totalement inadaptés à la période ouverte par Reagan, Thatcher pour faire court. Rapports que la bourgeoisie n’a eu de cesse de modifier en sa faveur. D’abord en s’attachant à réformer la haute administration puis par étape les échelons immédiatement inférieurs.

La haute administration qui encore dans les années 70 était le produit de ces rapports, avait « un sens de l’état » c’est-à-dire une indépendance, certes relative, par rapport au politique, au pouvoir (le Directeur des Impôts refusait la tutelle du préfet encore en 74 dans l’Allier). Cette haute administration est devenue depuis des années le cheval de Troie du libéralisme. Elle est totalement soumise au politique : Lallement et le directeur de ARS de Lorraine ne sont pas des caricatures, ils sont l’essence même de cette haute administration.

Tous les services publics dont celui des hôpitaux ont été doublés de « commissaires politiques » armés de leurs tableaux excel comme le dénoncent actuellement nombre de médecins hospitaliers et chargés de dicter la doxa libérale.

C’était vrai de l’hôpital mais aussi au Ministère de finances devenu une armée mexicaine où les chefs contrôleurs devenaient à peine moins nombreux que ceux qui exécutaient. En ce sens ceux qui affirment que ce n’est pas seulement une question de moyens n’ont pas tout à fait tort. Toute proportion gardée il y aurait des similitudes à découvrir entre l’état de l’URSS au stade final et celui de notre pays : incapacité grandissante de l’exécutif à faire fonctionner les leviers, volonté à tous les niveaux de se couvrir quitte à falsifier les données statistiques etc…

Ces « commissaires politiques »ne connaissent que les chiffres : Salmon a succédé à Marlène Schiappa qui tous les soirs de janvier et février annonçait le nombre de morts par féminicide.

Dans les hôpitaux il existe des médecins qui n’ont jamais vu un malade depuis leurs études, qui ont choisi la qualification « économie de la santé » et qui de leurs ordinateurs contrôlent et rendent compte à L’ARS.

L’état n’est pas qu’un instrument, il est « un champs » au sens de Bourdieu.

La pandémie a dévoilé l’ampleur de la crise de l’état : le roi est nu : en direct chaque jour la société a découvert un état, un pouvoir, des rouages étrangers à ses préoccupations, à ses modes de vie faisant resurgir les anciennes différences (régions et Paris) qu’avait déjà mis à jour le mouvement des GJ.

Aujourd’hui elle touche également les couches intermédiaires : commerçants, cadres, auto-entrepreneurs, artisans, avocats etc.

3) Autonomisation de la société :

C’est un phénomène ancien mais qui va s’accélérer : déjà à l’œuvre dans toutes les organisations en particulier les syndicats mais pas seulement : les GJ en étaient une manifestation, comme celui des hôpitaux depuis plus d’un an (dans ce mouvement il faut souligner l’importance politique du fait qu’il entraîne toutes les catégories de l’aide-soignante aux chefs de service).

Ce mouvement va s’accélérer inévitablement parce que la société a constaté que la base de ce qui demeurait du « service public » a tenu bon et a supplée à l’impéritie des « commissaires politiques » du pouvoir. ( les services des hôpitaux se sont organisés indépendamment des consignes de l’ARS : celle de l’Auvergne était en vacances les 4 jours de l’ascension !, les maires des petites communes, les associations etc.

Dans les derniers jours on a vu pour ne parler que de ce que j’ai vu dans l’Allier 180 instituteurs s’organisaient en comité pour obtenir leur mutation hors du département (rôle dévolu habituellement aux commissions paritaires), dans le 63 un appel d’une grande dignité des institutrices d’une école maternelle expliquant aux parents pourquoi elles se mettaient en grève.

4) Le vide

Il faut reconnaître que la grande question est celle du levier entre ce mouvement et la réponse politique au plan national.

Les partis politiques se sont mis hors-jeu dans le meilleur des cas, ou sont réduits à être les supplétifs d’un pouvoir déconsidéré.

Dans les syndicats la situation n’est pas exactement la même on verra probablement une accélération des oppositions entre les syndicats locaux et les branches et les confédé. (à discuter)

Comment poser la question de la légitimité de ce gouvernement et la réponse alternative ?

Macron a « reconnu » une incompréhension sur le GJ et maintenant une erreur d’appréciation sur la gestion de la pandémie, il a dû retirer la loi retraite qui a immobilisé le pays : de quel droit peut se représenter ? pour la même politique ? vote-t-on pour un homme ou une politique ?

5) UE et son « avenir »

6) Écologie et capitalisme

Les 100 points de Hulot ! « son point 18 « le temps est venu d’applaudir à la vie » pour ne citer que celui-ci montre l’ampleur de l’impasse du mouvement : il n’y aura d’écologie que reliée à la crise du capitalisme et à la réalité sociale ;

7) la question sécuritaire et l’état autoritaire.

8) la place du souverainisme : Onfray ?

Michel P.
sam. 23 mai 2020 à 15:59

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