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Pierre SALVAING À François Chaintron, copie à la rédaction d’Informations Ouvrières Samedi 30 juillet 2022
samedi 30 juillet 2022, par
L’équipe technique du site du CPB est en attente du
"le petit mot de Ch
envoyé sur ton 06".
qui tarde à être envoyé...
Pour l’équipe technique du site
MB
31/07/22 21H30
***
La lettre de Pierre Salvaing dit avec amitié et respect ce qu’il convenait de dire en mémoire de Christian Nény.
JK
01/08/22
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Pierre SALVAING
À François Chaintron,
copie à la rédaction d’Informations Ouvrières
Samedi 30 juillet 2022
Bonjour François Chaintron,
Il s’agit de Christian Neny et de la "nécrologie" que tu as commise sur lui dans un numéro d’Informations Ouvrières que je découvre seulement.
Si tu n’étais pas un militant vraiment chevronné, je pourrais, je devrais, te donner quelques informations importantes sur qui fut Christian Neny, Yvan dans l’OCI.
Mais étant donné le soin que tu as mis à éviter la période de militantisme politique de sa vie, de bâtisseur du Parti à Clermont-Ferrand, et d’abord de son organisation de jeunesse, de combattant acharné et brillant, je vois bien que tu te souviens très bien de qui fut Christian Neny, ancien membre du Comité cental de l’OCI pendant des années.
Tu évoques très vaguement ces presque 15 années de sa vie par l’expression condescendante "sa connaissance des bases du marxisme". Christian Neny a déployé une énergie considérable et passionnée à tenter de faire vivre le marxisme à travers le léninisme, dont il avait une très large et approfondie connaissance, bien au-delà de ses "bases".
On ne peut faire pire que ce que tu en dis.
On ne peut faire pire sinon en ramenant, en rabaissant sa longue vie militante à son parcours syndical. L’UNEF de 1970 n’était pas le centre de son intervention et de sa direction à Clermont-Ferrand, quand bien même l’AG de Clermont-Ferrand fut parmi les seules à réellement faire vivre l’UNEF (dont tu omets de dire la conquête par les militants de l’OCI, la victoire sur l’appareil stalinien, dans une époque où les militants qui se voulaient révolutionnaires ne considéraient pas les syndicats et surtout leurs appareils comme des objets intouchables et étrangers à leur intervention). Avant 1970, date à laquelle tu fais référence, Christian Neny avait contribué à construire à Clermont-Ferrand une puissante et dynamique organisation de jeunesse, le CLER puis l’AJS.
Le nom même de l’Organisation Communiste Internationaliste (pour la reconstruction de la Ivème Internationale) tu ne le mentionnes même pas . Aurais-tu, la direction du CCI aurait-elle à ce point honte de ses origines pour les effacer à ce point ?
Staline avait fait disparaître Trotsky des photos historiques. Que fais-tu d’autre, que fait d’autre la direction du CCI qui publie ça ?
Par contre, comme à la place, F.O. revient trois fois.
Pendant tout le temps qu’il fut dirigeant de l’OCI, et tu le sais fort bien, Christian Neny fut d’abord, comme nous cherchâmes tous à l’être alors aussi, un combattant extrêmement conséquent des appareils syndicaux contre-révolutionnaires, et notamment du stalinisme qui y était très solidement implanté, par exemple aux usines Michelin : en 1970, plus de vingt jeunes ouvriers avaient participé au grand rassemblement organisé par l’AJS au Bourget,témoignant de l’influence politique importante de l’OCI dans l’usine. Mais rapidement, le passage de la CGT à FO fit disparaître ce travail politique au "profit" d’une collaboration avec l’appareil de FO.
Ce qu’on a appelé -bien à tort- l’"affaire Berg" en 1979 accéléra sa descente dans une sorte de désespoir politique qui se traduisit chez lui par un dérèglement psychlogique dramatique. Je l’ai malheureusement connu dans ces années, comme dirigeant de l’UD-Corrèze qu’il avait sous sa responsabilité (il ne s’est d’ailleurs jamais beaucoup préoccupé alors de la responsabilité départementale que j’occupais dans le SNETAP-FEN pour le compte de l’OCI).
Or c’est des conséquences de cette chute dramatique, qui le détruisit comme militant et dirigeant, que tu parles seulement, et comme d’une sorte de consécration de ce que lui-même aurait pris, s’il avait pu garder la conscience qu’il eut, comme une véritable déchéance.
Avec en fin d’article l’onction juste au-dessus du mépris : "Il est resté fidèle à sa classe". On dirait presque d’un bon chien.
Je n’ai pas besoin de qualifier davantage ton lamentable texte : en rédigeant et publiant ça, tu t’insultes toi-même, comme tu insultes tout notre passé militant commun, comme les dirigeants, déjà fort chevronnés, de l’organisation à laquelle tu appartiens toujours, insultent les militants qui pendant des décennies -comme ce fut mon cas- ont cherché à bâtir une organisation révolutionnaire.
Honte à toi.
Pierre Salvaing
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