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L’histoire de nos combats communs (histoire du syndicalisme tunisien), par convergence des luttes

samedi 5 février 2011, par Club Politique Bastille

Le mouvement ouvrier tunisien est profondément influencé par le courant syndicaliste révolutionnaire. Mais cette histoire n’a jamais été écrite car elle dérangeait la dictature et les partis politiques qui parlent au nom des travailleurs.

En Tunisie, cette tendance naît chez les travailleurs immigrés (entre autre Italiens) mais elle va rapidement s’étendre au prolétariat arabe. Dès le début du vingtième siècle, des syndicats CGT, semi illégaux, organisent les travailleurs tunisiens et se proclament « internationalistes ». En 1905, c’est un travailleur arabe qui ouvre le cortège du premier mai, portant un drapeau rouge.

La CGT de Tunisie (Bourse du Travail de Tunis, Syndicat des Cheminots de Tunis,…) participe au congrès d’Amiens de 1906 où va être adoptée la Charte d’Amiens. Puis la première guerre mondiale va être marquée par la trahison de certains syndicalistes qui soutiennent le militarisme et le colonialisme français. En 1919, les internationalistes de la CGT constituent en France, en Algérie et en Tunisie des Comités Syndicalistes Révolutionnaires.

L’action des syndicalistes révolutionnaire débouche sur les grèves de 1919 et 1920. Cette tendance diffuse un journal, l’Avenir Social, qui renforce son combat anti-colonialiste.

Exclus de la CGT colonialiste, ces militants constituent une CGTU (syndicaliste-révolutionnaire) qui a pour mot d’ordre « la Tunisie aux Tunisiens et la Tunisie aux travailleurs ».

Les responsables de cette organisation syndicale sont réprimés. Robert Louzon, après 6 mois de prison, est expulsé de Tunisie. Car dès sa création la CGTU défend le mot d’ordre d’indépendance de la Tunisie. La CGTU publie plusieurs quotidiens en arabe, tous interdits, elle lance des campagnes de syndicalisation auprès des travailleurs arabes. Jean Paul Finidori prend la relève. Il est révoqué de son poste de fonctionnaire, ce qui ne l’empêche pas d’organiser de puissantes grèves à Bizerte et à Tunis en 1924 et en janvier 1925.

Ces militants syndicalistes révolutionnaires choisissent finalement de lancer la création de la CGTT en 1924. Mohamed Ali est élu secrétaire de la nouvelle centrale. La CGTT participe aux actions de l’Internationale Syndicale Rouge, qui regroupe les tendances et confédérations syndicalistes révolutionnaires.

Arrêté en février 1925 avec ses camarades tunisiens, Finidori est condamné à dix ans de bannissement, tout comme son ami Mohamed Ali, en raison de son combat anti-colonial.

Finidori et Louzon vont continuer à soutenir le combat de leurs camarades tunisiens en publiant en France régulièrement des articles de soutien dans la revue des syndicalistes révolutionnaires, la Révolution Prolétarienne. Les syndicalistes révolutionnaires tentent de maintenir l’action de la CGTT. C’est le cas des enseignants Charles Boussinot et Maurice Raimbault ainsi que les anciens des Jeunesses Syndicalistes. ais la CGTT ne pourra survivre à la répression coloniale.

Cependant l’influence syndicaliste révolutionnaire se maintient au sein de prolétariat tunisien. Dès la création de l’UGTT en 1944-45, Hached et ses camarades se revendiquera régulièrement de la Charte d’Amiens. Cette revendication d’indépendance syndicale permet à l’UGTT d’intervenir comme une force autonome par rapport au Néo-destour. Cependant cette stratégie d’autonomie ouvrière ne sera pas maintenue avec assez de rigueur et de clarté. La centrale syndicale s’associe finalement à la gestion du nouvel Etat au lieu de construire le Socialisme, c’est à dire la gestion ouvrière. La perte de son indépendance politique constituera pour l’UGTT une impasse.

Malgré cet échec relatif, beaucoup de militants de l’UGTT continueront de défendre l’indépendance syndicale comme une forme de contre-pouvoir. C’est pourquoi les syndicalistes de l’UGTT ont été le fer de lance de la révolte de janvier 2011.

Malheureusement le syndicalisme révolutionnaire a perdu progressivement de son influence en Tunisie comme en France. Notre courant syndical est en train de se reconstruire en France. Mais il ne peut limiter son combat à un pays car son ennemi, le capitaliste, est international.

Comme autrefois les syndicalistes de nos deux pays doivent lutter coude à coude, comme des frères.

« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux mêmes »

http://www.fischer02003.over-blog.com/article-histoire-du-syndicalisme-tunisien-66519996.html

http://www.convergencedesluttes.fr/index.php?post/2011/02/05/HISTOIRE-DU-SYNDICALISME-TUNISIEN

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