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La victoire, par Charles Jérémie

mercredi 5 janvier 2011, par Club Politique Bastille

L’événement est considérable, de portée mondiale.
Certes, Tunis n’est pas devenue la nouvelle Jérusalem du mouvement révolutionnaire. Les processus qui s’y sont développés ont leur absolue spécificité ; ici plus qu’ailleurs les traits nationaux, l’histoire politique des vingt-trois dernières années, le niveau culturel associé à la paupérisation et à la dictature policière, composaient un cocktail explosif presque exceptionnel. Il n’empêche, c’est la première fois depuis 1974 (la révolution Portugaise) que la Révolution explose dans toute sa grandeur, son courage, sa puissance, presque sa beauté. Révolution ! Le mot et la chose. Qu’importent les événements du quotidien ; ce sont des péripéties. La lutte a été trop puissante, trop sanglante pour être à court terme battue en brèche. Ni aujourd’hui, ni demain. Une révolution ce n’est pas l’addition de victoires revendicatives. C’est un bloc. Un bloc en mouvement. Un colosse qui chaque jour découvre, un peu plus, la puissance de sa force. Je me permets de dire avec fraternité aux camarades : ne vous inquiétez pas, laissez pour l’heure toutes les thèses, les notes, les extraits de presse. Essayons de distinguer les lignes forces. Réfléchissons à la place que cette révolution aura -ou non- dans le Maghreb peut-être en Egypte sans oublier un fait politique majeur. Des centaines de milliers de jeunes d’origine tunisienne, marocaine, algérienne ont suivi dans nos banlieues ces événements grandioses. Ils ont vu d’autres jeunes en Tunisie, tomber sous les balles et finalement l’emporter ! Cela va nourrir évidemment, non pas la lutte des classes en général mais la mobilisation de la jeunesse, en particulier dans les banlieues et pas seulement.
La révolution a vaincu contre Ben Ali, Sarkozy, la commission européenne, le PS, etc. et même contre Louisa Hanoun et Daniel Gluckstein… misérables supplétifs !

Et la révolution ne fait que commencer. Le gouvernement implose, les salariés chassent les PDG des entreprises, nommés par Ben Ali. La paysannerie pauvre, laissée pour compte, commence à se mobiliser. La révolution est un diamant. Bien sûr que des problèmes plus compliqués interviendront, des obstacles se dresseront, mais pardon, la victoire de cette révolution me remplit de joie, d’énergie. C’est possible ! Ils l’ont fait. Depuis des décennies nous nous échinons à expliquer ce qui, dans tel pays, tel combat a « manqué » pour vaincre. A Tunis rien de tel. Ils ont payé le prix fort, mais ils ont gagné.

Contagion ou pas contagion ? Nul ne le sait. Nous avons une certitude : la victoire des combattants tunisiens conforte dans le monde entier les exploités. Mais pas seulement. Et dans nos banlieues, et dans la jeunesse.

L’absence d’organisations, l’utilisation massive des nouvelles technologies (Internet, Twitter, SMS, etc.) a fourni un outil à l’auto-organisation des combattants tunisiens. On ne peut pas exclure que ces leçons soient tirées en France en même temps qu’elles doivent probablement faire leur chemin à Alger et au Caire. Tous les groupes de Paris et d’ailleurs vont faire des thèses sur la révolution tunisienne. C’est classique. Pour l’heure, je préfère profiter du plaisir né d’une victoire magnifique.

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