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EDITO ZERO du Site RESEAU BASTILLE par Jacques Kirsner et Michel Lanson
lundi 31 octobre 2022, par
EDITO ZERO du Site RESEAU BASTILLE
Pour la 3ème fois en six ans de mandat, Emmanuel Macron s’est rendu au Vatican : on le comprend. Plus que jamais, il a besoin d’un miracle. Le pape a fait le maximum mais probablement, a-t-il fait remarquer – en latin ? – au pèlerin présidentiel que la situation internationale l’inquiétait, devenait compliquée. Les femmes, rejoints par les ouvriers iraniens affrontent la dictature islamiste. Le pouvoir ne recule pas : les manifestants non plus.
Aux USA, les « midterms » seront marqués la défaite des démocrates. Le Président de la « Morgan » pronostique une « tornade » sur les marchés financiers alors que l’inflation galope comme dans la plupart des pays…
Mon fils, aurait confié le pape, tout est compliqué : malgré les défaites, l’armée russe occupe toujours une partie du territoire ukrainien, des deux côtés, la jeunesse est fauchée… À Londres, la Reine à peine enterrée, on vient de nommer un nouveau premier ministre après la spectaculaire éviction-démission de Liz Truss, soit un banquier marié à une femme milliardaire… La situation sociale est tendue… C’est compliqué mon fils. Et chez vous en France ?
C’est pareil Saint Père a répondu Macron.
Je n’ai pas de majorité à l’Assemblée, autour de moi on complote pour préparer la prochaine élection présidentielle… Je crains la multiplication des conflits sociaux. En attendant, heureusement je peux compter sur les dirigeants syndicaux pour multiplier les journées d’action, gagner du temps, diviser.
Le pire n’est pas certain a conclu le chef de l’Église. Je vous bénis…
La victoire de l’extrême droite fascisante en Italie s’alliant aux partis de droite fait réfléchir à Paris : le RN vient de voter la motion de censure de la NUPES et, le prochain président des LR devra répondre à la question : mourir ou s’allier avec le RN comme en Italie pour survivre et gouverner.
La bourgeoisie aux commandes de l’économie mondiale se prépare à l’explosion financière qui menace l’édifice d’une avalanche de dettes qui ne seront jamais remboursées…
Imprévisible, tout est imprévisible… Une fraction encore minoritaire du Capital mise sur la « militarisation de l’économie ». Le chancelier allemand a mis 100 milliards sur la table pour acheter des avions américains, moderniser l’armée allemande, la préparant à d’éventuels conflits… Elle vient d’initier un accord avec plusieurs pays européens pour acquérir, adapter le « Dôme de fer » israélien, système performant anti-missiles, renvoyant la France dans les cordes qui se retrouve ainsi isolée, ses entreprises d’armement écartées… Exit le couple franco-allemand. Pour mesurer les problèmes posés par la militarisation d’une partie de l’économie, le système militaro-industriel et son poids, il faut absolument lire « Le militaire. Une histoire française » de Claude Serfati (*) qui vient de paraitre. Un ouvrage remarquable : il faudra y revenir.
De fait, la situation européenne, française est précaire, insaisissable, dangereuse.
L’ancien président Nicolas Sarkozy est un analyste nuancé et pertinent de la vie politique française. Dans une longue interview au JDD, il conseille de faire une réforme des retraites à 63 ans plutôt qu’à 65 qui provoquera tension, affrontement, un accord entre Macron et LR. L’ancien Président n’a pas confiance dans l’actuel locataire de l’Élysée. LR refuse tout accord. Macron reste seul. Mais l’examen de la situation objective ne prouve rien quant à la solution.
Compliquée, imprévisible est donc la situation.
Une grande victoire dans un combat frontal - par exemple en Iran - donnerait confiance et force aux salariés du monde entier. Nous n’y sommes pas. À une minuscule, très minuscule échelle, la grève des ouvriers des raffineries, comme des centrales nucléaires ne s’est terminée ni par un succès, ni par un échec… Le patronat a dû augmenter les salaires de 5% plus une prime significative. Les salariés voulaient 10%. C’est donc un résultat limité mais réel grâce à une grève dure qu’ils ont tenté de contrôler. Il faudra que d’autres secteurs s’engagent avec cette pugnacité pour faire reculer patronat et gouvernement et peut-être alors changer le rapport de force !
Ce n’est plus vraiment l’Élysée qui tient la barre, c’est le patronat. C’est lui qu’il faut vaincre.
Imprévisible, complexe la situation politique française attend un évènement. Une victoire ? Une défaite ? Espérons une brèche dans la muraille néo-libérale. D’une certaine manière, il y a une bonne nouvelle : à la marche de la NUPES, comme les manifestations des journées d’actions syndicales, n’ont pas rassemblé des masses…
Les salariés sont lucides.
Par contre, dans la plupart des cortèges, on a vu quelques milliers d’étudiants, lycéens, apprentis. Si une nouvelle génération entre dans la bataille, rien n’est impossible. Si…
C’est par l’analyse de ces problèmes que le site que nous préparons prouvera son utilité. Surtout pas une organisation. Un lieu de réflexion, de libre débat.
Jacques Kirsner et Michel Lanson
(*) Claude Serfati
LE MILITAIRE
UNE HISTOIRE FRANÇAISE, éditions Amsterdam, 2017, 224 p.
http://www.editionsamsterdam.fr/le-militaire/un
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