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Si ce n’est pas nous, qui mènera les combats dont a tant besoin notre pays ?

lundi 6 mars 2017, par Club Politique Bastille

Attelons-nous à construire une représentation politique pour les exploité(e)s et les opprimé(e)s.
Tribune signée par Philippe Poutou, Christine Poupin, Olivier Besancenot
Nous vivons un processus de fin de régime : tout est bouleversé, en premier les deux partis piliers de l’histoire de la 5e République (LR et PS). La présidentielle de 2017 ne ressemble à aucune des précédentes, les candidats tombant les uns après les autres comme les fruits pourris de l’arbre sur lequel s’appuie le capitalisme français.
A droite, exit Sarkozy et Juppé, tandis que Fillon est dans la tourmente. Après les affaires nombreuses affaires à droite, le champion sorti de la primaire se présentait comme le Monsieur Propre. Fillon a pleinement joué les cartes du traditionalisme catholique et de la probité, puis s’est enlisé dans une affaire mêlant détournements de fonds publics, emplois fictifs et corruption.
Le parti des puissants dans la tourmente
Les explications embrouillées de Fillon ne font pas oublier l’essentiel : leur monde n’est pas le nôtre. Dans leur monde, on trouve normal de détourner des centaines de milliers d’euros d’argent public pour entretenir sa famille et son château. On peut puiser directement dans les caisses de l’État comme si c’était un compte épargne. C’est le comportement d’une ploutocratie qui s’étonne même qu’on puisse lui demander des comptes, la froide illustration d’un système oligarchique rassemblant les dirigeants politiques, les hauts fonctionnaires et les grands patrons. Cette classe sociale ne connaît rien à notre quotidien, à nos angoisses, nos besoins...
Cela pose avec force la question de la démocratie. Au niveau politique avec le contrôle et la révocabilité des élus, la limitation du salaire des élus au salaire moyen d’un ouvrier ou d’un employé, la suppression de la fonction présidentielle et du Sénat. Mais aussi dans toutes les sphères de la société, car la démocratie réelle, c’est la possibilité pour celles et ceux qui produisent les richesses de décider librement et souverainement quoi produire, comment et à quelles fins.
Gauche institutionnelle : fin de partie, fin des partis ?
A gauche, la crise est désormais ouverte. Exit le tandem Hollande-Valls, le choix de Hamon est un vote sanction des lois Macron et El Khomri. Dans une certaine mesure, ce choix peut être comparé au vote Corbyn dans le Parti travailliste britannique ou à la polarisation autour de la campagne Sanders aux USA. Mais plus encore concernant Hamon, la musique est bien plus forte que les paroles... L’ex-ministre reste une fausse issue pour les classes populaires, assumant une partie des mesures anti-sociales de Hollande (comme les milliards donnés au patronat au travers du CICE...). Et son parti, le PS a été usé par l’accumulation des réformes libérales et antisociales.
Le PCF n’est pas en meilleur état. Il semble avoir successivement remplacé les fantômes de l’URSS puis de la gauche plurielle, par un hologramme qui troque l’histoire du mouvement ouvrier pour la Marseillaise, les grandes mobilisations sociales pour des référendums, l’internationalisme militant pour une France certes insoumise mais fermée à la solidarité avec les migrants...
Les "antisystèmes"... au secours du système !
Cette instabilité politique, avec en particulier la déconfiture de Fillon, propulse actuellement sur le devant de la scène Le Pen et Macron. Tous deux jouent en duo une balade "antisystème". Et pourtant... Le parti de l’héritière Le Pen, qui a également détourné 340.000 euros de fonds publics du Parlement européen, ne pense pas utile d’augmenter le SMIC et veut augmenter les exonérations de cotisations sociales, c’est-à-dire vider les caisses de notre Sécu pour remplir celles des patrons. Tout cela en tentant de faire croire que les étrangers seraient responsables de la misère que vivent les classes populaires.
Pur aventurier, Macron est financé on ne sait comment, et cultive un flou programmatique qui masque mal la volonté d’aller jusqu’au bout de la contre-révolution néo-libérale.
Construire une alternative radicalement anticapitaliste
Les violences contre Théo, la mort d’Adama Traoré, la répression contre le mouvement du printemps, ont montré que ce système n’a plus à nous offrir que la violence de la matraque et l’odeur des lacrymogènes. Dans un tel contexte, les banlieues ont raison de vouloir mettre le feu à toutes les injustices vécues. Et manifester pour la justice et la dignité le dimanche 19 mars est pour nous un premier pas.
Au-delà, tout cela souligne la nécessité d’en finir avec un système oligarchique, se libérer de tous ces avocats commis d’office qui prétendent savoir ce qu’il faut faire en lieu et place des exploitéEs et des oppriméEs. L’urgence est autant à la convergence des luttes qu’à celle de contenus politiques et revendicatifs.
Nous voulons mettre à l’ordre du jour de la lutte des classes un projet émancipateur qui aborde nos préoccupations, l’opposition entre nos conditions de vie et les ravages de leur course au profit : partager le temps de travail, interdire les licenciements et les suppressions de postes, éradiquer la pauvreté, garantir la gratuité des besoins essentiels, assurer la justice climatique, saisir les banques et annuler la dette, défendre la liberté de circulation et d’installation... Bref, dessiner les contours d’une autre société, écosocialiste.
La situation ouverte par la crise actuelle peut être un bol d’air non pollué montrant les ruptures nécessaires et les chemins à prendre. Il faut s’en saisir pour en finir avec le vieux monde. Dans les débats et dans les luttes en cours s’exprime une aspiration unitaire. Celle-ci ne doit pas se perdre dans les traditionnels calculs de l’arithmétique électoraliste qui ne peuvent conduire que dans l’impasse d’une gauche plurielle relookée. La question n’est pas de désigner un champion pour se battre dans le cirque, mais bien d’en finir avec le cirque... Pas de retour en arrière, attelons-nous à construire une représentation politique pour les exploitéEs et des oppriméEs, une force aussi fidèle aux intérêts des classes populaires que le PS et la droite l’ont été à ceux du Medef.

http://m.huffingtonpost.fr/philippe-poutou/projet-anticapitaliste-presidentielle/

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