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AVANT LES ÉLECTIONS RÉGIONALES. À PROPOS DES PRÉSIDENTIELLES

jeudi 17 juin 2021, par Club Politique Bastille

AVANT LES ÉLECTIONS RÉGIONALES
À PROPOS DES PRÉSIDENTIELLES

C’est une période française que je continue à trouver plaisante. J’exagère mais à peine…

Prenons par exemple JL Mélenchon. C’est un très grand professionnel. Sénateur le plus jeune de France, ministre du gouvernement Jospin, député européen, puis député tout court, président du groupe la France Insoumise à l’assemblée et bien sûr à deux reprises, candidat à la présidentielle…
Bref, il connaît les règles et us et coutumes. Et cependant, il multiplie les maladresses (je suis gentil…), les déclarations à l’emporte-pièce, les mises au point laborieuses.
Bref, Jean-Luc Mélenchon, ça ne va pas. Ça ne va plus.

Le « système » dont il est, exige « d’être un homme d’état ». Un homme qui sait, fait, rassure, qui saura diriger, gouverner. Bref, pour être candidat « crédible », il faut faire président.
Si vous mélangez des provocations sécuritaires pré-électorales avec l’assassinat par un djihadiste barbare, d’enfants, d’enseignant juif, ça ne va pas. Pas du tout.

Si vous accusez la direction d’Orange d’avoir organisé la grande panne des numéros d’urgences – ayant provoqué des morts – pour mieux privatiser l’entreprise, c’est extravagant ! D’autant que JLM a participé au « gouvernement le plus à gauche d’Europe »… qui justement a commencé à privatiser Orange !

JL Mélenchon dit n’importe quoi car il ne sait plus où il va. Les sondages sont mauvais, très mauvais, les candidats FI aux régionales s’attendent au pire et, dans le 20ème arrondissement de Paris, Danielle Simonnet, excellente candidate dans cet arrondissement populaire a été battue au profit… de la candidate socialiste ! Dans cette circonscription il y a deux ans, elle l’aurait emporté. Cette fois, l’abstention était forte. Dans ce cas, c’est une constante, le parti avec le plus de militants, le mieux implanté l’emporte. C’était le cas de la FI. Or, la défaite est sans appel au profit… de la candidate Hidalgo !
Cette défaite en annonce d’autres.

À deux reprises, la candidature de JLM rassemblait les salariés. Les jeunes. Il représentait alors un collectif, un parti, était soutenu par le PC, l’extrême gauche. Après le désastre socialiste, la disparition du PC, il apparaissait comme une alternative anti-libérale.

Las ! JLM est le candidat désigné… par lui-même, a fait don de sa candidature au peuple… Ses proches amis, la plupart des militants de FI se sont éloignés. JLM insiste. À Lille, le 1er mai devant un public clairsemé, il déclare « Dans un an, Président de la République, je reviendrai ici etc . »
Arrogant, il parle, parle, répond à tous les problèmes. Les – anciens – militants s’éloignent, il dirige à la manière de Lambert avec une petite fraction. En réalité, JLM est mort… politiquement. S’il maintient sa candidature, il sera ridicule. Au vrai, dans le mouvement ouvrier, « à gauche » les aventures personnelles, le « boulangisme » ça finit toujours mal.

E. Macron a donc reçu une gifle.
L’agresseur s’exclamant « Montjoie St Denis », le cri de guerre… des Capétiens (XIIe siècle !) est un jeune précaire, exaspéré. Ce n’est pas bien, mais franchement, c’est amusant. Et qui, le premier a protesté, « manifesté sa solidarité avec le Président » ? Jean-Luc Mélenchon ! Sérieux.

Répétons-le. Il ne sait plus où il va.
Macron non plus.
Les retraites, la « mère des réformes », on va voir ce qu’on va voir déclare-t-il récemment. Je vais reprendre la réforme…
Le président de l’Assemblée Ferrand proteste, le secrétaire général de LREM (oui, ça existe) déclare aux journalistes que c’est de la folie, le président du MEDEF - c’est plus sérieux - met Macron en garde contre une nouvelle « explosion sociale » pour une « réforme hâtive, une rustine ! ».
Évidemment, le Président de la République fait marche arrière.
Le reste est à l’avenant.
Après avoir annoncé que la France continuerait à combattre le terrorisme, il annonce le désengagement militaire au Sahel. Le chef d’état-major s’en va.
Les sondages sont bidons : Macron est cramé.

Dans toutes les classes de la société, la pollution, l’utilisation des herbicides, le recul du vivant, la déforestation, le réchauffement climatique devient insupportable. Vraiment. Le Covid a amplifié cette insupportabilité.
L’écologie a le vent en poupe. Je pensais qu’un candidat à la Présidentielle pourrait… Patrick m’expliquait que je me trompais : il avait raison, j’avais tort. Les maires Verts élus, nombreux, multiplient les déclarations folles : supprimer l’arbre de Noël de la ville, les aéroclubs, les étapes de montagnes du Tour de France, l’épreuve la plus populaire du pays !... Un concours d’immaturité politique. Y. Jadot ne rate pas une bourde. Les Verts sont out. Ils ne parviennent même pas à défendre leur projet « écologique » néo-libéral.

Puisque notre ami Jean-Pierre Boudine prône l’unité, il faut dire un mot des autres.
Depuis plusieurs années, il y a disqualification du personnel politique ; actuellement, on atteint des sommets. Ainsi, le premier secrétaire du PS a déclaré à la manifestation des policiers devant l’Assemblée Nationale « Il faut que la police ait un droit de regard sur les décisions de justice » ! Certes, il a fait marche arrière, mais c’était dit.
Il faut rappeler que F. Hollande avait souhaité mettre en œuvre la « déchéance de la nationalité » applaudi par… Marine Le Pen !
Sans exagérer, on peut dire que ce Faure est un benêt.
Quant à Roussel… Roussel ? Le secrétaire général candidat à la présidentielle du PCF c’est sans exagérer un imbécile.
Donc cher Jean-Pierre, il m’étonnerait que même un candidat de la « gauche et des Verts » fasse florès. On songe à la mise en garde d’Alphonse Karr : « Plus ça change, plus c’est la même chose. »
Et d’ailleurs, au fil des élections, le score additionné de toutes ces formations baisse régulièrement. La désaffection des classes populaires devient véritable rejet. Trahis depuis 1981, ça s’explique ! Cela dit, ce rejet n’offre actuellement aucune alternative politique. Ainsi, tout indique que les présidentielles n’offriront aucune ouverture sérieuse pour les opprimés, les exploités. Et cependant, la situation s’aggrave. La crise du Covid matraque la situation des classes populaires. Faim ! Oui la faim s’installe dans les quartiers. 1 million de pauvres supplémentaires, près de 10 millions au total : c’est énorme ! La barbarie s’installe au quotidien. C’est bien sûr vers ceux-là que l’action politique militante devrait s’exercer… C’est le contraire. Seules les associations constituées souvent par des jeunes tentent de combattre les islamistes radicaux, en organisant notamment collectes et distributions de vivres. Précarité, misère, pauvreté. Des enfants ne mangent pas, des étudiants s’alimentent une fois par jour… Ça ne peut pas durer longtemps.
Certains invoquent les mânes du Front Unique Ouvrier cité, souvent en invoquant Trotsky ! Rappelons que le Front Unique, c’est l’unité du prolétariat, de tous les salariés avec ou sans les organisations qui sont censées les représenter. Soit actuellement les vestiges du PS, 6%, du PCF 2%, et de l’extrême gauche disons tout compris avec la FI 18%... À ma connaissance théoriquement, politiquement, les Verts n’en sont pas. Et donc le FUO contre l’extrême droite, c’est une pure fumisterie (*). Ce qui est nécessaire dans des situations extrêmes, de vie ou de mort, c’est une sorte de Front Démocratique antifasciste… Lorsque le SPD et je crois le PCA ont, dans les années 30, appelé à voter Hindenburg contre Hitler, Hindenburg a été élu et quelques temps après… a nommé Hitler chancelier…
Discutons. Réfléchissons.

La « guerre civile » menace, répète, of course, ministres, fonctionnaires, députés, journalistes… La guerre civile, c’est le stade ultime de l’affrontement entre le Capital et le Travail, la continuation de la lutte des classes par d’autres moyens pour parodier Clausewitz.
En sommes-nous là ? Évidemment non, mille fois non ! L’autorité du chef de l’état est à peu près nulle et les salariés plus ou moins résignés, divisés, portent le poids des récentes défaites.
Le pays serait donc « en décomposition » et la « guerre civile menacerait ? ». Et tous de répéter ces fadaises. Encore que ces propos alarmistes soient le résultat de la grande peur. Le pouvoir, la bourgeoisie ne se sont pas – encore – remis d’un an d’affrontement avec les Gilets Jaunes suivis par la mobilisation d’un grand nombre contre la réforme des retraites. Xavier Bertrand a justement déclaré : « Le Quinquennat de Macron a été défait par le mouvement des Gilets Jaunes ». La crainte de l’explosion incontrôlable, incontrôlée explique ces propos censés rassembler toutes les factions réactionnaires derrière Macron. La vérité c’est que le Président de la République vacille.
Au sein de l’état-major, des officiers supérieurs renâclent : la ministre avait annoncé des « sanctions » contre les généraux retraités pétitionnaires de la 2ème section. Rien. Les chefs syndicaux de la police tiennent des propos extrémistes, manifestent contre le gouvernement devant l’Assemblée Nationale soutenu… par le ministre de l’intérieur et le Préfet de Police !
Du jamais vu… depuis 1958. Les ministres ont des têtes à claque et le Président en ramasse une. L’exaspération grandit.
Le rapport de force est toujours favorable à la bourgeoisie. Mais elle claudique, s’interroge. Macron est-il l’homme de l’avenir ? Ils savent que non. Par qui le remplacer ?
Certes, cahin-caha, le néo-libéralisme poursuit son œuvre barbare : mais la guerre civile n’est évidemment pas à l’ordre du jour, pas plus que le « danger fasciste » ; mais la crise économique, sociale, politique, culturelle qui n’est pas nouvelle, mais de plus en plus profonde, du camp bourgeois, peut offrir aux opprimés de réelles opportunités pour les prochains combats. Car aujourd’hui, répétons-le, il n’y a pas de « solution » électorale pour mettre la barbarie en échec. Les « Gilets Jaunes » l’avaient compris. Ils ont combattu directement contre le sommet du pouvoir. C’est le seul chemin possible.
Le chemin d’une véritable révolution.

JK
17/06/21

(*) La manifestation du 12 juin s’est avérée un échec…

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