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GUERRE ET PAIX - Communiqué-pétition pour une manifestation à l’Ambassade de Russie

mercredi 23 mars 2022, par Club Politique Bastille

GUERRE ET PAIX

La bourgeoisie a deux candidats.
Sans talent ni entrain, V. Pécresse bégaye le programme de… Fillon, compte sur Zemmour pour taper Marine Le Pen, et parvenir au second tour… Ça ne marchera pas.
Macron affiche la posture d’un chef de guerre « au-dessus » de la mêlée, ardent défenseur des actionnaires du CAC 40.
Il sera élu.

La sortie de la pandémie, les conséquences de la guerre en Ukraine provoqueront une – nouvelle – crise financière et économique et sociale majeure ; l’hôpital public est à la dérive, les maisons de retraites se révèlent de véritables mouroirs, le coût de la vie explose, la précarité est la règle, qu’importe… Sur tous les tons, candidats de droite et d’extrême droite glapissent sécurité ! Sécurité ! Sécurité ! Réclament des policiers supplémentaires (1), des juges aux ordres, encore plus de prisons. Dorénavant, s’ajouteront de nouveaux crédits pour la défense.

Marine Le Pen c’est l’extrême droite canal historique qui n’oublie pas ses fondamentaux : lutte contre les immigrés, les étrangers. Une xénophobie soft. En se « présidentialisant », elle a ouvert un espace… à sa droite.

Zemmour s’y est engouffré.
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et, dans ce clair-obscur, surgissent les monstres » nous a prévenu A. Gramsci.
Zemmour est l’un de ces monstres.
Rassemblant suprémacistes, pétainistes, complotistes, néo-nazis, il est le porte-parole de la lie de la société (2), tente de mobiliser les petits blancs, y réussit en partie. Frappés de plein fouet par la crise, déclassés, angoissés, les salariés de la « classe moyenne » craignent la misère. Délocalisations, désindustrialisation ont réduit les concentrations ouvrières à quia, malmené la conscience de classe : certains deviennent sensibles au discours infâme désignant « l’immigré » comme le responsable ; Zemmour fera beaucoup moins de voix qu’annoncé, mais plus de 100.000 adhérents ont rejoint la « Reconquête » ! Il rassemble dorénavant une phalange qui s’affirmera demain d’autant que l’échec annoncé de Marine Le Pen fera exploser le Rassemblement National. Zemmour met ses pas dans ceux de Drumont, premier agitateur antisémite, raciste, xénophobe, ancêtre de Déat, Doriot etc…
Ainsi, pour la première fois depuis l’OAS, le fascisme commence à représenter une véritable force, notamment dans la petite bourgeoisie. La jeunesse dorée s’est engagée. Certains secteurs de la bourgeoisie (Bolloré), le soutiennent… Zemmour, pour le Capital, c’est un placement politique à moyen terme qui peut rapporter gros.

Au vrai, nous avons sous-estimé la profondeur de la saignée sociale : à force d’analyser la réalité, nous nous y sommes… habitués or, les conditions concrètes objectives, subjectives de vie s’aggravant, radicalisent les réactions politiques collectives : le désespoir multiplie les désespérés.
Ils sont des millions relégués loin des centres villes, précarisés, mal logés dans des banlieues sans commerces, services publics en déshérence, transports en commun réduits. Ces parias survivent à la limite du seuil de pauvreté dans les quartiers majoritairement habités par des immigrés, quadrillés par les mafias de la drogue, harcelés par une police raciste, ils constituent une proie de choix pour les islamistes.

* * *

Au lendemain des élections, la bourgeoisie devra frapper. L’endettement record, l’abyssale déficit du commerce extérieur exige cette politique. Avec l’explosion des investissements militaires, la guerre va aggraver la situation.
Depuis 1995, à plusieurs reprises, les salariés ont affronté les gouvernements, le patronat. La plupart de ces combats se sont soldés par des défaites.
Nous vivons les conséquences de ces défaites.
Parfois, l’élection présidentielle a aidé la mobilisation politique des salariés.
Ce n’est plus le cas.

Le PC, le PS n’existent plus. Leurs fantômes s’agitent, comme des marionnettes dont les fils sont tenus par les exploiteurs avec l’aide du système médiatique.

Anne Hidalgo, maire Boboland d’un Paris où les loyers ont explosé - expulsant les salariés, grande amie… des milliardaires Pinault et Arnaud représente le Parti Socialiste à l’agonie !
Nul ne l’écoute, nul ne l’entend.

Roussel, ancien thorézien, apprécié des journalistes, pérore avec quelle vulgarité (!) et démagogie, joue les « ouvriers » du siècle passé…

Quant à Jadot, il fait campagne pour une écologie capitaliste « responsable » dans l’indifférence générale.

Enfin, il y a Jean-Luc Mélenchon.
Il a fait « don de sa candidature » aux « gens ».
L’ancien ministre de Lionel Jospin connait le sens des mots : les « gens » sont des êtres socialement indifférenciés. Adieu les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, les petits paysans, les classes sociales : JLM parle au « peuple ». Son programme ? Un catalogue réformiste, une nostalgique mixture mitterrandiste tricolorisée. Certes, il domine tous les candidats de la tête et des épaules mais son talent ne change rien.
Alors il s’agite, débat avec Zemmour (!), organise des meetings-spectacles, images, sons, parfum… Mélenchon est devenu la caricature de la société du spectacle. Une vedette des médias. Conscient de l’échec qui s’annonce, il implore les militants : mobilisez-vous pour convaincre les abstentionnistes des classes populaires de venir voter… Les militants ne s’engagent pas : le cœur n’y est plus. L’affirmation « prenez le pouvoir votez pour moi » est une escroquerie, une mauvaise plaisanterie. D’autant que sa solidarité avec le peuple ukrainien est toute relative, refusant l’armement à l’héroïque résistance ukrainienne au nom d’une « neutralité », d’une « indépendance » proposant une « désescalade » … alors que les bombes russes écrasent les villes. Effarant. Aux antipodes d’une politique internationaliste Rêvons : la France Insoumise aurait organisé une manifestation devant l’ambassade russe, JLM se serait rendu à Kiev pour affirmer la solidarité active avec la résistance, exige de armes, oui des armes pour les résistants ! La guerre est une épreuve impitoyable pour les gouvernements. Certains s’effondrent. Ce fut le cas en Mai 1940 de Daladier et Raynaud à Paris, Chamberlain à Londres, un an plus tard de Staline à Moscou effrayé par l’attaque de l’armée allemande pourtant attendue. Au contraire, calme, courageux, déterminé, le Président Zelensky a galvanisé la résistance de son peuple. Avec grandeur, il s’est hissé à la hauteur de l’histoire.

Il y a dix ans, Jean-Luc Mélenchon qui avait rompu avec le social-libéralisme, candidat du PG qu’il avait fondé, d’une partie de l’extrême gauche, se situait sans ambiguïté sur un terrain de classe.
Cette politique avait contraint le PCF à le soutenir, le candidat des Verts à renoncer... L’union c’était lui : sa candidature était utile. Ce n’est plus le cas.
Et pourtant !
S’il avait utilisé la confiance des 9 millions d’électeurs obtenue il y a cinq ans, essentiellement des salariés ! - pour unir, organiser le débat démocratique, proposer un cap politique anti-libéral : il aurait prospéré. En 5 ans, un véritable collectif populaire aurait pu voir le jour. Un programme anti-libéral se serait collectivement élaboré, intégrant le combat des Gilets Jaunes, les mobilisations contre la réforme des retraites…L’objectif d’une société civilisée portée par des assemblées populaires auraient pu voir le jour. La question du gouvernement des travailleurs débattue.
Il a résolument tourné le dos à cette orientation pour la posture du « leader maximo » …, s’adressant « aux gens, aux français », il s’est « présidentialisé » … Quand je serai élu, répète-t-il… Je ferai… Évidemment, nul n’y croit. C’est ridicule. Ce sera un échec. Dans le mouvement ouvrier, les aventures personnelles se terminent toujours mal.

* * *

Il y a quelques années, nous étions peu nombreux à considérer que la « guerre était de retour ».
L’Irak, l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, la Syrie, la Lybie, le Koweït, la Tchétchénie, la Géorgie, la Crimée ont été ravagés par les guerres. Massacres, villes détruites, cortège de réfugiés, crise humanitaire, aggravant la crise écologique… la sanguinaire barbarie est devenue la règle.
Maintenant, c’est le tour de l’Ukraine.
C’est un évènement considérable.
Le chef de la mafia capitaliste, le despote Poutine a attaqué un pays indépendant après qu’en Biélorussie, il a militairement soutenu le dictateur local menacé par une révolution populaire.

Depuis 2014, les Américains utilisent la Pologne, l’Ukraine pour faire pression sur la Russie, ils ont installé des batteries de missiles dernier cri en Pologne, poussant l’Ukraine à réclamer son adhésion à l’OTAN. Cette politique ne justifie pas la guerre.
La guerre, disait Trotsky, c’est l’explosion des forces productives hors des frontières nationales. Impérialisme contre impérialisme.

Dénoncer Poutine n’implique pas soutien aux gouvernements européens, aux États-Unis. Une politique internationaliste ne se situe pas sur le terrain campiste. Les Peuples n’ont rien à attendre de leurs gouvernements. Le peuple ukrainien, russophone compris résiste avec héroïsme. Il réclame des armes : il faut soutenir cette exigence. Comme hier, les Républicains espagnols contre Franco, les Vietnamiens contre les USA, les combattants ukrainiens ont besoin d’armes ! L’internationalisme prolétarien n’implique d’aucune manière la « neutralité ». Nous souhaitons la victoire du peuple ukrainien, la défaire de Poutine. C’est le meilleur moyen d’aider le peuple russe à se mobiliser. La résistance des Ukrainiens c’est la lutte pour la paix ! Journalistes, manifestants résistent également à Moscou, St Pétersbourg en affrontant Poutine. Le pacifisme, l’exigence de la « paix » sur l’air des Lampions est une fumisterie, un soutien inconscient à l’agresseur. Le pacifisme c’est non seulement la guerre mais encore la défaite assurée.

Cette guerre au cœur de l’Europe modifie la situation internationale du tout au

tout, va permettre aux gouvernants d’appeler à l’union nationale assurant que de nouveaux « sacrifices » sont nécessaires pour assurer les profits des groupes d’armement... préparer de nouveaux conflits.
« L’invasion de l’Ukraine par V. Poutine est un avant-goût de la manière dont le monde sauvage peut devenir fou et instable » note l’éditorialiste américain Tom Friedman dans le « New York Times ». L’impérialisme à l’heure du néo-libéralisme c’est « l’ère des guerres et des révolutions ». Pour l’heure, nous avons les guerres.

* * *

L’agression de Poutine va évidemment faciliter le soutien du « Clan » à la réélection de Macron. Ce sera l’union nationale.
Depuis 1983, ce Clan a fait le « sale boulot » pour citer Laurent Fabius : liquider l’industrie, délocalisant, privatisant les entreprises nationalisées, dérégulant les « marchés financiers », frappant à coups redoublés les services publics, soumettant le pays à la dictature financière, multipliant baisse des charges, des impôts pour les capitalistes, subventions aux « entreprises » faisant exploser chômage et pauvreté.
Le Clan a joué le rôle majeur dans la construction de l’Union Européenne, rédigeant les traités, dirigeant la commission européenne, mettant en œuvre une stratégie anti-ouvrière avec la collaboration des directions syndicales.
Ministres, députés, sénateurs, président de région, haut fonctionnaires passant du public au privé, tels sont les animateurs du Clan.
Majoritairement issus du Parti Socialiste, le Clan des valets du Capital c’est le véritable état-major de la contre-révolution.
Un adversaire actif, performant, promu, pas un système médiatique propriété des grands groupes industriels et financiers. C’est donc dans ces conditions que les électeurs sont appelés à « choisir » le prochain Président.
Les Militants d’avant-garde iront voter Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou voire Nathalie Arthaud en trainant des pieds, un vote « malgré tout ». Nombreux s’abstiendront volontairement. Ce sera notre cas.
Et au second tour, scénario usé, contre le candidat d’extrême droite, la « gauche » mobilisée par le Clan se précipitera pour « défendre la République, combattre le fascisme », faire élire Macron ! Attention prédit Marcel Gauchet dans le Figaro : « Nous assistons à une décomposition politique ».
De cette séquence présidentielle, les travailleurs sortiront laminés. Les militants désabusés. Ce sera un échec politique supplémentaire. Décrire cette réalité ne signifie pas se résigner. L’histoire n’est pas terminée. Souvenons-nous. Un évènement inopiné a bousculé l’ordre des choses : les Gilets Jaunes.
Macron claironnait alors : que ceux qui osent viennent me chercher…
Les plus exploités, les gueux souvent entrainés par des femmes sont venus le chercher : en masse chaque semaine avec une énergie jamais vue, ils ont affronté la Police, menaçant directement le pouvoir, l’Élysée à Paris et les préfectures en province.
Du jamais vu. Du jamais fait.
Cette fois, Macron, le Clan ont vraiment tremblé.

Soutenus par une majorité de salariés, les Gilets Jaunes ont percé une brèche dans le front néo-libéral, bousculés partis, syndicats écartant les leaders qui prétendaient les représenter.
Les Gilets Jaunes ? un évènement historique. Les grandes vagues révolutionnaires connaissent toujours une période d’illusions, de confusions idéologiques. Quand les larges masses se mettent en mouvement, elles n’ont ni plan, ni programmes (3). C’est en combattant que se construit leur détermination : que les objectifs politiques s’élaborent.
Aucun candidat de gauche, d’extrême gauche n’a exprimé cette rage anticapitaliste.
Nul n’a été porteur de cette véritable radicalité révolutionnaire.

Et si ce combat reprenait ? C’est la seule question qui vaille. Il faut réfléchir à ce qui a été, tenter d’éclairer le chemin de l’avenir. Les temps sont difficiles. D’autant plus. Ceux qui se tiennent debout doivent contribuer à la réflexion. À l’époque des guerres, peut succéder celle des révolutions. Il n’est pas interdit d’espérer.

(1) Le rapport de la cour des comptes nous apprend qu’il y a, à Paris 4000 caméras interconnectées, 15000 sites de prises de vue et des centaines d’écrans surveillés par des milliers de policiers !

(2) Voir l’excellent livre de Noël Mamère et Patrick Farbiaz
Le cas Zemmour
Comment en est-on arrivé là ?,
Paris, Les petits matins, "Essais", 180 p., 06/01/2022.

https://www.lespetitsmatins.fr/collections/essais/269-le-cas-zemmour.html

(3) Nous invitons à lire, ou relire le journal des Gilets Jaunes écrit par Michel Lanson

Voir JOURNAL DES GILETS JAUNES Quinquies : Mardi 26 mars, Lundi 1er avril, Vendredi 5 avril, Lundi 8 avril, Vendredi 12 avril, Lundi 15 avril, Mardi 16 avril, Mercredi 17 avril, Dimanche 21 avril, Vendredi 26 avril, Dimanche 28 avril, Jeudi 2 mai 2019
jeudi 2 mai 2019, par Club Politique Bastille

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article244

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Communiqué-pétition pour une manifestation à l’Ambassade de Russie

APPEL A MANIFESTATION

La guerre en Ukraine dure depuis un mois. L’armée et la population résistent avec un rare héroïsme tenant en échec l’armée russe qui bombarde et tue. Près de 4 millions de femmes et d’enfants ont dû fuir. Le carnage se poursuit.

Nous devons manifester notre solidarité active avec le peuple ukrainien.

Poutine assassin !

Solidarité avec le peuple ukrainien !

Nous décidons de nous mobiliser pour préparer une manifestation contre l’Ambassade russe à Paris, les consulats en province.

Nous appelons à la constitution rapide d’un comité d’organisation auquel devraient participer syndicats, partis, militants impliqués dans la lutte contre tous les impérialismes.

Signatures :

***

Messages

  • En premier lieu, je signe l’appel à manifester. J’ajoute qu’au moment où nous demandons que soient données des armes au peuple ukrainien, nous devons tout faire pour que l’État poutinien ne puisse s’en fournir : pas un euro pour cet État policier, interrompons nous-mêmes les achats d’hydrocarbure à la Russie si les groupes capitalistes s’y refusent et organisons la solidarité des peuples européens dans cette direction !

  • heureuse de vous lire. Je suis allée à la manifestation de JLM pour voir. Dans la réalité, il est "débordé". Dans le cortège pas de drapeau tricolore ou très peu. Des chants révolutionnaires dans le bus et le cortège et jamais la Marseillaise.
    Une atmosphère (comme décrite par Simone Weil). Par contre arrivée place de la République, brutale floraison de drapeaux tricolores, marseillaise en fin de meeting et quelques internationales entonnées dans de multiples endroits et écrasées par une musique contemporaine tonitruante.
    Tant le drapeau tricolore que la marseillaise agacent, c’est ce que j’ai pu constater dans le rassemblement. JLM aura du mal à contenir : il y avait là toutes les générations (par contre les populations des quartiers difficiles étaient absents : une personne m’a expliqué "où étiez vous lors des émeutes des banlieues ?").

    Sinon, OK pour retrait des troupes russes d’Ukraine, et manifestation à l’ambassade de Russie ; sans doute peut on rajouter "dehors Poutine"
    voila, nous avons du travail
    Mon prochain exposé avec les Amis du mondiplo 63 : "alors que des manifestants russes sont emprisonnés pour manifester contre l’invasion russe en Ukraine, d’aucuns veulent interdire Dostoievski ou débaptiser leur lycée Soljenystine : connaitre la littérature russe".

  • Au contraire, calme, courageux, déterminé, le Président Zelensky a galvanisé la résistance de son peuple. Avec grandeur, il s’est hissé à la hauteur de l’histoire.

    Quand on marche sur la tête on n’a plus de cerveau !

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